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Interview  (Paris)  7 décembre 2004

L'incroyable Fabrice Eboué propose aux Blancs Manteaux un one man show décapant qui se joue des discours des bien pensants sur les sujets de société, comme disent les médias, comme des ses petites mésaventures personnelles.

Sourire, rire, autodérision, dérision, lucidité ou cynisme, toutes les pistes sont bonnes à explorer pour divertir mais aussi pour titiller l'esprit.

Rencontre avec un humoriste qui, même s'il dit avoir fréquenté les fonds de classe, n'a pas raté le jour de la distribution du bon sens et de l'intelligence.

Comment êtes-vous arrivé aux Blancs Manteaux avec un one man show ?

Fabrice Eboué : J’ai commencé un peu par hasard sur une scène ouverte à Paris, le Centre Six qui est peu connu, en duo avec un ami pour s’amuser. Nous l’avons 2-3 fois et cela se passait bien. Je voulais continuer car je me suis pris au jeu. Lui ne le souhaitait pas car il faisait du théâtre. J’ai donc continué seul. Le hasard. Mais j’ai toujours eu le sens du comique et de l’humour. J’étais un habitué du fond de la classe à amuser les foules et je n’étais pas bien à ma place dans le cadre études. Il a donc fallu trouver une solution et c’est tombé à point nommé.

Vous faisiez des improvisations ou c’était déjà des textes écrits ?

Fabrice Eboué : Nous avons la chance que le théâtre reste assez démocratique dans le sens où on peut s’exprimer dans plein d’endroits où ils font des plateaux et reçoivent des gens qui se présentent pour la première fois et selon un concept de concours. On s’inscrit en début de soirée et on dispose de 10 minutes pour faire ses preuves.

Nous voulions amuser les amis. Nous écrivions les textes l’après-midi et nous les apprenions et puis nous improvisions un peu par dessus le soir. Ensuite j’ai fait des scènes un peu plus classiques comme le Fieald au Trévise le dimanche soir, le Café Oscar, les plateaux, quelques festivals. Je suis arrivé aux Blancs Manteaux avec mon spectacle en audition. Les filles des Blancs Manteaux ont apprécié et m’ont laissé le temps de faire évoluer mon spectacle.

Sur ces différentes scènes, vous proposiez un format sketches dont vous étiez l’auteur ?

Fabrice Eboué : Tout à fait. C’est un format sketch mais pas avec des personnages. Je fais, en termes techniques, du stand up car je m’exprime beaucoup en ma personne même si j’émaille mon discours de certains personnages. Il y a beaucoup de choses qui passent au premier degré dans la forme même si c’est au second degré dans le fond. Et ce sont mes textes avec le risque que cela comporte quand on est débutant car le public est assez réactif sur les plateaux. C’est la meilleure école. C’est une école très démocratique qui élague dès que l’on commence. Il y a ceux pour qui cela se passe bien et ceux qui reçoivent des mines et donc qui se dirigent vers autre chose.

J’ai eu la chance que cela se passe plutôt bien en général ce qui m’a permis de construire un spectacle. C’est ce qui explique que le tout premier spectacle d’humoriste est souvent le meilleur car il a été construit sur plusieurs années, sketch par sketch qui ont tous été testé sur les plateaux. Ensuite, le deuxième spectacle est écrit d’un bloc et quand on le présente sur scène on ne sait pas ce qu’il vaut réellement.

Comment avez-vous choisi et réuni les sketches écrits de manière éparse pour former un spectacle cohérent ?

Fabrice Eboué : Le spectacle est effectivement fluide car il n’est pas composé d’une série de sketches séparés par des noirs. Le fond est constitué par ma biographie car je me présente et je raconte de nombreuses péripéties de mon existence telles ma scolarité, ma vie d’artiste, et des sujets plus généraux comme les clubs de vacances. Ce qui m’intéresse ce sont les thèmes d’actualité et donc le spectacle peut changer d’un jour à l’autre dans le sens où l’actualité évolue constamment.

Mais dès lors qu’on a le fond et la trame du spectacle, qui est mon histoire entre guillemets, puisqu’il y a quand même des adaptations pour la scène, ce n’est pas très compliqué dans le stand up d’improviser de temps en temps et d’aborder des thèmes d’actualité comme le racisme, l’immigration, le dopage, tous les thèmes qui me tiennent à cœur car je bénéficie d'une grande liberté sur scène.

Ce qui implique que vous écrivez en permanence ?

Fabrice Eboué : Exactement. Tous les jours. Je suis l’actualité. En fait, je l’ai fait énormément sur les six premiers mois du spectacle. Aujourd’hui par un souci de mise en scène et aussi de rigueur dans le jeu, je m’astreins parfois à figer le spectacle même s’il faut constamment évoluer pour s’amuser sur scène. Comme j’ai un souci avec la monotonie et, quoi que l’on dise, c’est comme tout travail parfois on n’a pas forcément envie, mon petit plus et mon étincelle c’est de me dire : "Ce soir je vais tenter ce nouveau sketch", essayer de parler de tel sujet, ou je vais me laisser une plage d’improvisation. Et c’est cela qui me donne la pêche tous les soirs et me donne envie de monter sur scène.

Et j’avais beau être en état d’autodérision permanente en parlant de cette galère, les gens étaient morts de rire. Les gens sur des choses qui vont sembler cruelles sur des thèmes difficiles ce n’est pas le plus dur. Le plus dur c’est des choses profondes, des souffrances réelles. Ce ne sont plus des mots, c’est du vécu. Venir avec son vécu sur scène c’est un plaisir d’artiste mais aussi c’est aussi essayer de faire passer de l’émotion ce qui est essentiel dans un spectacle. Un rire est d’autant plus fort qu’il est précédé d’un moment de vrai ou d’émotion. Et c’est vers quoi je veux aussi orienter mon spectacle, avoir des plages de grand rire à des moments où les gens vont ressentir de l’émotion.

Le spectacle ce n’est pas que du rire même si je pense que j’ai actuellement un spectacle que j’estime efficace c’est du stand up Je suis en relation constante avec le rire. Si je n’ai pas un rire derrière ma réplique, ce n’est pas bon pour moi car j’ai un rythme. Le stand up ce n’est pas que du sketch. C’est essentiellement un rythme. Je dis cela, le public rit, je dis ça, et ça revient. C’est aussi une formule à gérer.

Vous abordez de manière non politiquement correcte des thèmes délicats qui ont une sorte d’effet kiss cool c’est-à-dire qu’après le rire vient la réflexion. Comment cela passe auprès du public ?

Fabrice Eboué : Ça passe très bien. Quoi qu’on dise c’est toujours la forme qui prévaut. Si c’est bien fait, tout peut passer. Le fond est très important mais la forme passe devant. Et puis j’ai un alibi par rapport à certains thèmes, comme celui de l’esclavage par exemple, parce que je suis métisse. Je ne me le permettrais sans doute pas si j’étais totalement caucasien. Il faut aussi une qualité de texte et de jeu. Si c’est fin et intelligent, on peut dire beaucoup de choses. Bien sûr, l’éternel débat "Peut-on rire de tout ?" demeure. Mais même sur ce point, je fais un peu d’autodérision dans mon spectacle.

J’ai cette culture de rire de toutes choses dures. Les choses tièdes ne m’amusent pas. Il faut que je pousse le truc très loin, un peu dans l’horreur. J’ai 27 ans et par exemple mes films de référence c’est "C’est arrivé près de chez vous". Ça me fait rire. J’apprécie aussi des humoristes comme Michel Muller qui vont très loin et qui dérangent. Je pense que je suis sain vis-à-vis des sujets que j’aborde. Par exemple j’aborde au second degré le sujet de l’homosexualité parce que je n’ai pas de problème vis-à-vis des homosexuels. Et bizarrement c’est souvent les gens qui ne sont pas concernés directement qui crient au scandale. J’ai un bon retour de la part des homosexuels qui viennent voir le spectacle.

Vous jouez actuellement 3 fois par semaine aux Blancs Manteaux . Avez-vous des projets pour l’exporter c’est-à-dire le jouer de manière plus continue dans un autre lieu ?

Fabrice Eboué : Cela fait maintenant 10 mois que je joue ce spectacle et j’estime qu’il arrive à maturité d’un point de vue scénique. Je vais continuer dans le but qu’il décolle mais ici aux Blancs Manteaux d’autant qu’il s’agit d’une salle qui a vu démarrer des grands donc c’est un bon tremplin. Bien sûr, à terme, c’est d’aller jouer dans une salle plus grande. Cela étant, aujourd’hui j’ai l’impression que le public boude un peu le stand up et le one man show par saturation peut être. Je suis sur d’autres projets car j’aime beaucoup l’écriture. J’écris des pièces, des chroniques.

Vous avez un peu abordé les projets. Allez-vous conserver et privilégier ce format de spectacle ?

Fabrice Eboué : Pour le moment, je prends bien mon pied sur scène. Donc je continuerai dans cette voie. Cela étant, on peut se demander si ce genre de spectacle n’induit pas une sorte de dictature du rire. Il ne faut s’enfermer dans la monotonie. Donc j’écris en ce moment une pièce à 2 personnages dans un format théâtre et également un monologue mais en racontant une histoire. J’ai envie de raconter de belles histoires aux gens et je pense que le cynisme passera d’autant mieux . Il y a déjà un peu les prémisses de cette démarche dans mon spectacle. Je pense d’ailleurs que notre métier s’orientera davantage vers cela dans l’avenir. Ce ne sera plus le one man show avec la blague pour la blague.

Allez-vous au théâtre en tant que spectateur ?

Fabrice Eboué : Le one man show très peu parce que quand on a un regard professionnel on anticipe sur ce que l’on voit et on pense à la chute. Je ne suis pas un spectateur lambda et donc l’effet surprise n’est pas là. En revanche, on va davantage apprécier en termes de jeu. Quant au théâtre, j’y vais davantage pour apprendre et m’informer car je suis en plein dans l’écriture d’une pièce. Je vois donc forcément les spectacles d’un point de vue professionnel. C’est un peu dommage. En revanche, je lis beaucoup et je privilégie la lecture.

Que puis-je vous demander de plus par rapport à votre jeune carrière ?

Fabrice Eboué : Le mot est important. Il est vrai que j’ai 27 ans et que les humoristes que je vois autour de moi ici sont plutôt des trentenaires. Je démarre avec ce spectacle et je prends mon temps. Cela me permet de me former pour aller vers d’autres horizons.

Quelle est la visibilité pour la pièce que vous écrivez et s’agit-il d’une pièce de théâtre au sens classique du terme ?

Fabrice Eboué : Je pense que ce sera très rapide à Paris prochainement ou à Avignon cet été. L’opposition théâtre/café théâtre ne me semble pas fondamentale. Un bon spectacle est celui qui possède un fond mais qui sait rester fédérateur et populaire. La pièce en cours d’écriture tend vers cela. Je ne rejette personne dans la forme, alors que mon spectacle peut froisser certaines personnes, L’aspect fédérateur ne répond pas à des soucis démagogiques ou commerciaux.

Cela fait très plaisir de voir une salle entière acquise aux propos. Et se dire qu’on a fait notre métier qui est de faire rêver les gens et de leur faire passer un bon moment. Et si en plus, on a pu éveiller une conscience, je pense que j’aurais à peu près rempli ma mission et c’est la raison pour laquelle je monte sur scène.

 

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La chronique du one man show L'incroyable Fabrice Eboué


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# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps

Ce n'est pas parce que le pays est plongé dans le froid et la morosité qu'il ne faut pas se faire plaisir. Alors, sortons, dansons, rêvons au travers de notre sélection culturelle de la semaine. Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Edgar is dead" de Edgar
rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
"For once" de Mélys
"Tu sauras pas quoi faire de moi" de Olivier Marois
"Boomerang" de The Darts
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die

Au théâtre :

les nouveautés :

"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
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"La république des imposteurs" de Eric Branca
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