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Hampton Hawes  (Editions 13E Note)  septembre 2013

Les Editions 13E Note publient un opus signé Hampton Hawes, pianiste de be-bop entré dans la légende du jazz, qui ne manquera pas de passionner les jazzophiles mais cela sans exclusive.

Car son autobiographie en forme de mémoires est moins une histoire du jazz des années 40-50 - même s'il en a côtoyé tous les grandes figures de Charlie Parker à Mile Davis en passant, entre autres et parmi les plus connus du grand public, par Billie Holliday, Eartha Kitt, Stan Getz, Charles Mingus, Herbie Handcock et Thelonius Monk - que celle d'une vie qui, bien évidemment, relate la difficulté d'être musicien noir aux Etats-Unis à une époque où sévissait toujours la ségrégation raciale, ainsi que le parcours erratique d'un homme dominé par son addiction pour la drogue.

Né à Los Angeles dans une famille peu démonstrative dominée par la figure autoritaire du père pasteur presbytérien qui cadenassait le piano, sa seule passion, réservé à sa soeur destinée à une carrière de soliste, à la fin de ses études secondaires, en rupture de ban avec sa famille rigoriste, Hampton Hawes quitte le giron pour la rue et la scène sur laquelle il débute avec Charlie Parker.

Si le milieu des cercles de jazz et la fréquentation des précurseurs boppeurs s'avèrent fertile pour l'épanouissement de ses dons pianistiques, il est aussi, parce que complètement inféodé à la drogue, un lieu de perdition qui a tôt fait d'avoir un nouvel adepte qui, de surcroît, s'y engloutit navigant entre fatalisme tout judéo-chrétien (Pour parvenir aux perles, il faut en parcourir des étendues de vase) et résignation ("Si je peux planer comme ça tout le temps, merde, pourquoi pas ").

Ce qui l'emmènera en prison et, dans la mesure où il reconnaît que avoir ma dose dans les veines était la priorité absolue, tout passait après, même la musique, impactera grandement sa carrière.

Écrit en 1974, quatre ans avant sa mort à l'âge de 48 ans, "Lâchez-moi !" s'avère, comme l'analyse fort justement le critique de jazz Gary Giddins dans l'introduction, le regard rétrospectif et empreint d'amertume d'un rebelle caractériel "ayant un penchant pour des auto justifications spécieuses".

Cependant, ses mémoires sélectives ont néanmoins le mérite de l'authenticité : Hampton Hawes n'écrit pas pour édifier sa stèle au panthéon du jazz et son autoportrait ne verse pas dans le narcissisme laudateur, c'est ce qui le rend humain et attachant.

Ainsi il n'évite pas les poncifs sur la musique ("Tout le monde a sa chance, son style Il n'y a que deux sortes de musique : la bonne et la mauvaise"), la négritude ("L'ennemi c'est l'ignorance, pas les blancs. Il ne faut pas se gourer parce que le jour viendra où les nègres ne pourront plus crier à l'injustice ni se servir comme béquille de la couleur qu'ils ont reçu en héritage") ou la drogue ("La plupart d'entre nous, c'est l'époque et l'environnement qui nous ont rendus accros Pourquoi ne pas essayer ? On essaie, ça fait du bien et c'est parti").

Il rêve de devenir un américain modèle mais voit le monde en noir et blanc : d'un côté les Blancs, de l'autre les frères Noirs. Il veut être le "Flash Gordon des nègres" mais pas l'Oncle Tom et illustre le paradoxe fondamental de l'afro-américain lié à ses origines ("La race la plus compliquée et la plus contradictoire, la plus bourrée de préjugés et de tensions, c'est la race noire").

Et surtout c'est effectivement dans l'encre de l'amertume qu'il trempe sa plume : amertume face à l'enfance, aux revers du destin ("Je me suis fait éjecter à la fleur de l'âge, quand mon talent et mon potentiel commercial étaient censés être à leur apogée"), à la nouvelle génération de musiciens et l'avènement du rock ("Comment osent-ils piquer notre musique et la jouer aussi mal et en faisant toute cette thune ?") et de ne pas être prophète dans sa ville.

Mais l'amertume de l'homme a nourri l'oeuvre de l'artiste : "Mon swing, c'est toutes ces années d'enfance où, rejeté, privé d'amour et livré à moi-même, j'écoutais de splendides gospels dans l'église de mon père. Mon swing, c'est aussi les années où j'allais jouer pour des blancs en passant par l'entrée de service, où je cherchai ma voie, défoncé dans la rue pour finir au cachot. Mon swing c'est des années d'instinct animal réprimé et d'amertume".

 

MM         
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Du côté de la musique :

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rencontre avec Johnny Carwash qui était en concert avec TV Sundaze à Saint Etienne
"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
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"Boomerang" de The Darts
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"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
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"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
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Au théâtre :

les nouveautés :

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"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala
et toujours :
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
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