Spectacle musical mis en scène par Toni Servillo, avec Toni Servillo et Peppe Servillo accompagné par le Solis String Quartet.
Combien faut-il de temps pour entre totalement dans "La Parola Canta", le spectacle de Toni Servillo et Peppe Servillo ? Dix secondes ? Une minute ?
Quelques notes des cordes électrifiées du Solis String Quartet ? Quelques mots scandés par la voix chaude de Toni Servillo, le héros de "Gomorra", de "Il Divo", de "La Grande Bellezza" ?
Tout commence par une ode à Naples, Naples la vie excessive, celle de la Camorra et de Maradona, des guapes et des chansons, et tout le reste s'enchaîne. Ici, on sent la pourriture du monde et on s'en vante. Ici, Pompéi est à deux pas et le Vésuve à quelques flots de laves...
Et le spectacle est total entre mots et notes. Car si l'on a la chance de voir en chair et en os le seul acteur italien vivant digne des Mastroianni, Sordi, Tognazzi, Gassman, Manfredi, on a celle aussi d'entendre des musiciens de jazz hors des sentiers battus.
Qui n'a pas entendu le Solis String Quartet interpréter "Mozartango" ou "Tarantella del Vesuvio" aura toujours un manque dans son existence... Et que dire de l'union sacrée entre Peppe Servillo et le groupe dans "Nun voglio fan niente" ?
Dans la famille Servillo, Peppe est le petit frère (de peu) de Toni. Mélange de Philippe Clay pour la grande carcasse et de Paolo Conte - dont il chante souvent les textes - pour la voix, Peppe, d'origine napolitaine comme tous les Servillo, a décidé de consacrer tout un album à la chanson napolitaine, à ses mauvais garçons, à ses histoires d'honneur et de déshonneur.
Emboîtant ses pas, aussi élégant que lui dans son costume également noir, Toni est venu l'épauler en interprétant les poètes et les écrivains napolitains, de Cesare Viviani à Eduardo de Filippo.
Cette triple alliance d'un jazz aérien en fusion entre le tango et la tarantelle, de la chanson napolitaine et des mots explosant dans cette langue déjà balkanique et orientale donne un spectacle inoubliable.
Même sans suivre les surtitres expliquant des chansons décrivant toujours les aventures pas très catholiques de petits malfrats napolitains, on est pris dans ce flot où la tristesse et la gaité finissent par se mêler dans une ritournelle lancinante qui reste longtemps en tête.
Spectacle total où les deux frères se succèdent pour parfois se réunir, "La Parola canta" est un pur moment de grâce que l'on sait rare et que l'on aimerait pourtant partager avec tous ceux que l'on aime. |