Seul en scène écrit et inerprété par Fellag dans une mise en scène de Marianne Épin.
Détournant avec cocasserie le titre d'un blockbuster de science-fiction américain, le comédien-humoriste algérien Fellag présente avec "Bled Runner" un spectacle qui s'inscrit largement dans une dynamique de rétrospective, davantage que de "best of", et de round d'honneur pour déposer l'ultime de ses "valises d'histoires algéro-françaises".
Des valises qui ont donné lieu à huit seul-en-scène dont il revisite l'écriture pour en délivrer les morceaux choisis revus à l'aune du 21ème siècle.
Quelques éléments modulables et les lumières de Pascal Noël suffisent à planter les décors pour laisser la part belle à la verve de l'officiant placé sous la direction de sa complice Marianne Epin.
En djellaba et chechia, l'homme aux chaussures rouges raconte son enfance qui colle avec la guerre d'indépendance - il est né en 1950 - et de larges emprunts à "Djurdjurassique Bled", son premier spectacle en français.
Il maîtrise l'art du conteur pour camper de mémorables scènes de vie et de rue délivrées de manière vivante avec des portraits réalistes revisités à l'aune de l'humour algérien trempé d'autodérision et pimenté de surréalisme, dont celles qui ont inspiré son opus "Tous les Algériens sont des mécaniciens".
De même, il dépeint sans complaisance mais toujours avec tendresse le passe-temps favori d'une jeunesse masculine désoeuvrée, le murisme, bader en s'appuyant dos au mur, et son corollaire côté face, se coller contre la gent féminine dans les transports en commun, évoque sobrement la période sombre des années 1990 et l'influence des "barbus" en se gardant de s'aventurer sur le terrain du terrorisme islamique.
Sa thématique de prédiclection demeure celle afférente aux "Petits chocs des civilisations" et ce qu'il nomme "l’imaginaire intranquille" des sociétés française et algérienne.
Celles-ci ne sont pas séparées uniquement par la Méditérrannée mais par la mer abyssale de la colonisation qui, malgré plus que le demi siècle écoulé depuis l'indépendance, continue à échauffer les biles auxquelles il propose n pacificateur mot de la fin : "La France a raté sa colonisation. L'Algérie a raté son indépendance. Nous sommes sont quittes".
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