L’origine de ce livre, écrit par Armand Marie Leroi et publié chez Flammarion, c’est la découverte par ce professeur de biologie devenu citoyen anglais dans une librairie d’Athènes proche de l’agora d’une histoire des animaux d’Aristote. Le premier chapitre du livre nous raconte cette découverte. Ignorant tout du philosophe, Armand Marie Leroi n’en reste pas moins fasciné par cet ouvrage, notamment par le foisonnement et la rigueur de la démarche d’Aristote. Il décide alors de se lancer dans une quête passionnée sur les traces d’Aristote, considéré comme l’inventeur de la science.
Cette histoire d’Aristote, brillamment contée par Armand Marie Leroi, commence à l’académie de Platon. Aristote est son meilleur élève mais à sa mort, ce n’est pas lui qui est désigné comme son successeur. Il quitte alors Athènes, va à Assos puis s’installe à Lesbos, dans la lagune de Pyrrha, qu’il commence son enquête biologique. Après deux ans à Lesbos, il est appelé à la cour de Macédoine pour éduquer le futur Alexandre le Grand. Il revient ensuite à Athènes où il fonde sa propre école, le Lycée.
Armand Marie Leroi nous dresse alors un récit passionné et passionnant des travaux d’Aristote, accompagné de nombreuses illustrations, au travers de courts chapitres érudits qui constituent une histoire des animaux. Il nous accompagne à partir de zoom sur la pensée du maître dans différents domaines : la naissance de la vie, l’hérédité, le processus de vieillissement mais aussi l’âme et l’éternité du monde.
Au travers d’une magnifique entreprise de divulgation scientifique, Armand Marie Leroi nous offre de nombreuses connaissances. On tourne les pages avec émerveillement, on comprend qu’Aristote n’a pas fait que philosopher sur les lois de la nature. Il a aussi beaucoup observé, classé et cherché à comprendre la nature, la morphologie et la reproduction de nombreux animaux. Sa démarche est parfois simple, il observe les étals des poissonniers, interrogent les pêcheurs et construit son analyse de chaque espèce autour des réponses à quatre questions fondamentales : de quoi cela est-il fait ? Quelle est et d’où vient cette forme ? Qu’est-ce qui anime cette espèce ? A quoi sert cette espèce ?
Les réponses à ces différentes questions lui permettent d’établir dans un premier temps un classement de ces espèces en fonction de différents critères. Il s’intéresse à l’anatomie, dissèque, explore, s’intéresse même aux bruits faits par les poissons. Les organes des espèces de son époque n’ont plus de secret pour lui. Ce qui l’intrigue surtout, c’est la forme de ces différentes espèces. Il faut alors réfléchir sur les gènes, l’hérédité, sur l’ADN évidemment mais aussi sur l’importance du milieu.
Ce que veut montrer aussi Armand Marie Leroi, c’est que le grand Aristote n’a pas toujours raison. Il se trompe souvent et ses erreurs font partie de sa démarche scientifique. Et oui, on apprend aussi de ses erreurs, c’est bien connu. Il nous montre d’ailleurs que certaines de ses théories ont été remises en cause au cours de l’histoire, notamment au 17ème siècle. Malgré tout, malgré ses erreurs, Aristote reste encore aujourd’hui une référence.
Sans être au départ passionné par les sciences naturelles et les espèces animales, j’ai pris un grand plaisir à lire ce livre tant il foisonne d’anecdotes passionnantes. On apprend de nombreuses choses autour du personnage d’Aristote et de l’évolution de la science. En étant le premier à enquêter sur le vivant, Aristote inventa la science et nous offre des purs moments d’émerveillement. On apprend le pourquoi des caractères différents des animaux, pourquoi certains sont sauvages et pas d’autres, pourquoi ils ont des plumes et pas des poils…
Lire l’histoire des animaux d’Aristote me semblerait compliqué, lire l’interprétation qu’en fait Armand Marie Leroi devient une aventure intellectuelle beaucoup plus accessible à celui comme moi qui ne connaissait pas grand-chose sur le sujet.
Armand Marie Leroi a donc fait le choix judicieux de s’adresser à un public très large avec cet ouvrage, en utilisant ces talents de conteur hors-pair, dénué d’un vocabulaire trop technique qui pourrait rebuter de nombreux lecteurs.
Avec ce livre, on observe le monde sous les yeux d’Aristote et c’est fabuleux. |