Comédie dramatique de Alexandra Badea, mise en scène de Anne Théron avec Liza Blanchard, Judith Henry, Nathalie Richard et Maryvonne Schiltz.
Dans "A la trace" l'auteure Alexandra Badéa brasse de manière sommaire avec une approche sentencielle - "La famille est la première des discriminations sociales", "On se constitue toujours à partir d'un mensonge", "On ne peut pas sauver ceux qu'on aime" - une multitude de thèmes aussi bien mainstream qu'intemporels tels la mondialisation, la maternité, la quête identitaire, la filiation, l'épanouissement personnel l'amour, le meurtre passionnel, la justice...
A l'instar de son titre, l'opus propose de suivre deux intrigues en parallèle placées sous le signe du féminin, est dégagée en touche la figure masculine stéréotypée, père absent et hommes toujours mariés réduits à une image virtuelle, du fantasme et de l'ère numérique présentées respectivement comme un voyage initiatique et un parcours de résilience.
Une jeune femme, à la recherche d'une inconnue fantasmée, traque ses homonymes trouvés sur le net, et une cinquantenaire solitaire se complaît dans le relationnel virtuel des réseaux de messagerie instantanée, l'une pouvant être la mère de l'autre.
Le télescopage de ces itinéraires torturés intervient sous forme de dénouement et avec l'intervention d'une troisième figure, le personnage-clé de la grand-mère, qui révèle le véritable sujet de l'opus, celui de la transmission des névroses par la mère, et éclaire rétrospectivement les presque deux heures de courtes scènes de huis-clos à deux, instillées de quelques soliloques, qui le précèdent.
Pour la mise en scène, Anne Théron, également réalisatrice, indique avoir conçu le spectacle comme un film mais seule la scénographie de Barbara Kraft qui s'inspire du "split-screen" ressort au cinétique et la pluralité d'espaces scéniques juxtaposés qui en résulte n'apporte aucune valeur ajoutée à une partition structurée en tableaux se déroulant dans des lieux impersonnels.
Au demeurant, avec l'utilisation de micro-hf et le jeu statique des acteurs dans une aire confinée, il induit un effet inverse en anéantissant la mimésis théâtrale sans y substituer celle du cinéma ce qui correspond toutefois à la distanciation souhaitée par Anne Théron pour ne pas dérouler "une narration au présent comme une suite de moments réels mais plutôt comme des événements qui se seraient passés selon la mémoire de chacune".
Cela étant, officient d'excellentes comédiennes : Maryvonne Schiltz dans le rôle de la doyenne inaccomplie, Liza Blanchard au beau timbre de voix qui convainc dans les monologues narratifs, Judith Henry lumineuse dans le rôle des avatars maternels et Nathalie Richard parfaite dans le rôle de la mère à la personnalité dite "de surface". |