Voilà un ouvrage d’une grande originalité, une fiction résolument contemporaine, drôle, tendre et légère que nous propose Les Avrils, cette toute jeune maison d’édition qui publie avec Le Premier Homme du monde son troisième ouvrage.
A la plume de cet ouvrage, un certain Raphaël Alix, psychologue et psychanalyste à Paris qui publie donc son premier roman, prenant le risque réussi d’inverser les rôles dans l’histoire qu’il nous raconte.
Chaque jour, Marcus et Rose vont danser le tango près de la Seine. Ils s’aiment d’un amour simple et voudraient un enfant. Mais le ventre de Rose reste désespérément creux. D’ordinaire si joyeuse, elle s’étiole. Marcus partage son chagrin jusqu’à tomber malade. Nausées, maux de ventre, le médecin suspecte très vite une "couvade par solidarité".
Lorsque sa poitrine gonfle et que son abdomen s’arrondit au-delà du bizarre, un autre diagnostic s’impose. Marcus serait le premier homme du monde à porter un enfant. Durant neuf mois épiques, Rose et Marcus vont devoir réviser leurs certitudes et redéfinir leur place.
Au travers de ce scénario qui pourrait paraître grotesque, l’idée de l’homme qui tombe enceint déjà vu dans de piètres films, l’ouvrage a pour qualité d’aborder des thèmes intelligents autour du couple, de la transformation du corps et de l’assignation de genre. Franchement, ce qui pour moi ne marchait pas dans les films sur ce même sujet fonctionne à merveille dans cet ouvrage.
L’ouvrage se remarque par le ton décalé de l’auteur, sa fantaisie et son écriture légère qui se marie parfaitement avec le thème du livre. Il nous interroge sur la place des hommes et des femmes dans notre société, ici centrée sur l’inversement des rôles. Il y a aussi beaucoup d’humour, d’ironie mais aussi de tendresse dans cet ouvrage.
L’ouvrage enfin s’appuie sur des personnages bien écrits, particulièrement touchants, qui ne peuvent laisser insensible le lecteur. La façon dont ils réagissent à cette situation particulière, le chamboulement qui les touche et l’amour qu’ils se portent sont au cœur de l’ouvrage.
Le premier homme du reste du monde est donc un très bel ouvrage, léger et sans prétention, une lecture reposante et amusante qui invite les hommes à choisir la masculinité qui leur convient. Il nous prouve qu’il n’existe pas un modèle unique de masculinité, que c’est à chacun de construire le sien. Pour l’auteur, les femmes sont beaucoup en avance sur ce point car elles se sont décramponnées plus facilement des marqueurs féminins pour intégrer un peu de masculinité dans leur construction identitaire.
Roman malicieux sur la parentalité et la virilité, Le premier homme du monde est peut-être l’ouvrage idéal pour les féministes débutants.
# 28 avril 2024 : Une sélection hebdomadaire fraiche comme le printemps
Ce n'est pas parce que le pays est plongé dans le froid et la morosité qu'il ne faut pas se faire plaisir. Alors, sortons, dansons, rêvons au travers de notre sélection culturelle de la semaine. Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.