Les éditions La Croisée ont pris l’habitude de nous faire voyager au gré de leurs publications, nous invitant très souvent découvrir des auteurs venus d’horizons parfois lointains. Ici, c’est le roman d’une auteure originaire des Philippines qui nous est proposé, une certaine Elaine Castillo, né à San Francisco, diplomée de littérature à l’université de Berkeley. Son premier roman, Nos cœurs si loin a été acclamé par la critique, il est publié dans huit pays et a été finaliste de nombreux prix dans le monde.
Dans son roman, l’auteure nous narre le destin de deux générations d’émigrés, les blessures d’une famille mais aussi l’histoire récente de l’Amérique.
Quand elle trouve refuge dans la baie de San Francisco après avoir fui les Philippines, son pays natal, Hero refuse d’évoquer ce qui lui est arrivé. Au coeur de la Californie, c’est toute une communauté d’expatriés qui va l’accueillir : des enfants, des jeunes adultes, des employés de restaurants ou de salons de beauté qui ne se sentent ni tout à fait américains, ni tout à fait philippins. Parmi eux, Hero tombe amoureuse de Rosalyn, et son passé resurgit malgré elle.
On ne le sait pas forcément mais les Philippins représentent une très grande communauté aux USA, la seconde pour ce qui est des communautés asiatiques. Les Philippines sont un pays qui se caractérise par un très grand nombre d’îles, par une histoire particulière et un mode de vie que l’auteur prend soin de nous raconter.
C’est un superbe roman sur l’exil que nous propose Elaine Castillo, quand celui-ci est une nécessité, une façon de survivre. C’est aussi un très beau livre sur la double culture, prouvant qu’elle est possible quand on arrive dans un pays qui possède une culture bien différente. Un roman qui prouve que l’on n’est pas obligé d’abandonner son passé et sa culture quand on s’exile.
Ce qui m’a frappé dans la lecture de cet ouvrage, au-delà des nombreuses expressions d’origines philippines conservées dans leur langue d’origine, c’est la différence de ton que l’on trouve en fonction du lieu du récit. Vous l’avez compris, l’ouvrage nous embarque aux Philippines et aux Etats-Unis dans des temporalités différentes. Quand elle nous parle des Philippines, l’écriture de l’auteure est beaucoup plus froide, bien différente de ce qu’elle nous raconte de la vie à San Francisco, ville réputée pour son multiculturalisme.
Nos coeurs si loin est un premier roman lumineux et profond sur l’amour sous toutes ses formes, sur les exactions d’un régime politique et le pouvoir salvateur des communautés de sang ou de coeur. C’est un très bel ouvrage qui m’a permis de découvrir une auteure, de mieux connaître les Philippines aussi. |