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Interview  (Paris)  29 juin 2006

A l'affiche du Théâtre des Déchargeurs, la Compagnie des 7 passages et la Compagnie Un ange passe propose "Percolateur blues" de Fabrice Melquiot dans une mise en scène de Damien Chardonnet-Marcillacq.

Auteur, comédien, metteur en scène, Damien Chardonnet-Marcillacq est un passionné de théâtre qui défend une certaine idée du théâtre et a non seulement des convictions mais des exigences auxquelles il n'est pas prêt de renoncer. Et sur ce point, "Percolateur blues", son deuxième spectacle, est une réussite.

Par quel parcours arrive-t-on à monter "Percolateur Blues" ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : J'ai commencé par être comédien de manière non professionnelle très jeune. Vers 13-14 ans, j'ai fait de la post-synchronisation puis j'ai suivi les cours Florent dont je suis sorti il y a 2 ans maintenant. Au départ, je voulais être comédien et avec les années, les choses évoluent. Parallèlement à ma formation au cours Florent j'ai suivi des études universitaires dans un cursus d'études théâtrales à Nanterre.

Donc une volonté de creuser la matière théâtrale et la théoriser ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Oui, tout à fait. J'ai suivi les deux cursus simultanément ce qui représente énormément de travail et peu de sommeil pendant 2 ans. Mais cela était très enrichissant de suivre à la fois le versant pratique et le versant théorique parallèlement, ce que peu de gens font, et je me suis retrouvé dans la mise en scène parce que cela constitue une sorte de centre.

Quand j'étais comédien, on me disait : "C'est bien que tu fais mais c'est trop intellectuel et pas assez sensible" et en classe préparatoire au lycée Fénelon on me disait l'inverse. Je trouve dans la mise en scène la possibilité de réunir la part artistique et la part intellectuelle. Ce chemin vers la mise en scène a été assez naturel parce que se rejoignaient dans le travail de metteur en scène les deux aspects du théâtre auxquels je n'ai jamais voulu renoncer.

Cela implique-t-il un renoncement au jeu ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Non, je n'ai pas renoncé au jeu. Cela étant, je me consacre actuellement davantage à la mise en scène depuis 2 ans. J'ai consacré beaucoup de temps au jeu auparavant et aujourd'hui la mise en scène est devenue une priorité.

Vous avez monté d'autres spectacles ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : "Percolateur Blues" est mon deuxième projet. Auparavant, j'ai monté un spectacle à partir d'un texte dont j'étais l'auteur et que j'avais écrit au cours Florent et présenté comme travail de fin d'études. J'avais rencontré un certain nombre de personnes avec qui je voulais travailler et nous avons monté autour de cette pièce une compagnie, la Compagnie des 7 passages. Cette pièce "La voix des autres" a tourné pendant 2 ans et nous la rejouerons en 2007. "Percolateur Blues" est un projet monté avec une autre compagnie la Compagnie Un ange passe créée par Adeline Picault, Audrey Santacroce et Mathias Daval .

Cette compagnie constitue-t-elle le socle de votre travail ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Oui. Elle comporte un noyau dur de comédiens avec qui je travaille. Elle n'est certes pas fermée mais la réunion de personnes ne résulte pas d'une simple commodité mais d'affinités pour défendre une certaine idée du théâtre. Il y a donc une ligne artistique. Cette collaboration avec Un ange passe s'inscrivait aussi dans cette ligne.

Cette ligne artistique quelle est-elle ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Les comédiens sont bien évidemment libres de jouer dans tous autres projets ce qui est logique puisque je n'ai pas les moyens financiers de les rémunérer, ce qui est un point très important qu'il faut souligner. Ce que nous présentons avec "Percolateur Blues" est le fruit d'un long et dur travail qui est effectué par des professionnels qui sont des intermittents du spectacle qui jouent bénévolement.

Mais au sein de la compagnie nous nous situons dans une démarche de recherche. Nous avons certaines exigences et certaines envies et nous ne nous situons pas dans une optique de théâtre commercial. Nous ne monterons pas de grosses comédies faciles, qui nous permettrait peut être de vivre mieux, mais qui ne correspondent pas à nos attentes de ce métier. Ces exigences portent sur la qualité du texte, sur la réflexion sur la forme avec la présence simultanée de tous les acteurs sur le plateau, la frontalité des comédiens qui ne se regardent pas quand ils jouent.

Cela implique un positionnement par rapport à un texte pour le défendre. Il est évident que lorsque l'on joue sans se regarder ni se toucher on joue différemment puisqu'il faut aller chercher le texte et on joue d'une manière différente de celle qui est enseignée dans les cours de théâtre. C'est un gros travail sur l'écoute.

Avec "Percolateur Blues" vous avez choisi un texte exigeant.

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Ce texte à la base a été écrit pour le théâtre mais il n'avait jamais été monté. Et je pense que ce n'est pas pour rien car il s'agit d'un texte très narratif qui, dans sa forme, n'est pas très dramatique, très théâtral si j'ose dire. Il n'y a pas d'action, nous ne sommes pas chez Feydeau. Il n'y a pas d'événement majeur, pas de coup de théâtre, pas de rebondissement.

C'est un pari difficile à tenir en raison de l'exigence de la langue dont l'aspect très lyrique est difficile à restituer. D'autant que faire un théâtre exigeant ne doit pas signifier ennuyer le public pour faire du théâtre intellectuel snob qui produit un théâtre hermétique. Je connaissais l'écriture de Fabrice Melquiot et j'envisageai de monter un autre texte auquel j'ai renoncé faute d'en obtenir les droits. J'ai accepté de monter "Percolateur Blues" dont le projet a été initié par la Compagnie Un ange passe.

Comment avez-vous construit votre travail pour lever les difficultés que vous avez évoquées et choisi Luc Cerutti qui est un comédien inconnu et qui n'appartenait à aucune des 2 compagnies ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Les comédiens ont constitué le point de départ essentiel sur lequel je ne transigeais pas par rapport à ce travail que j'acceptais. C'est-à-dire que ce texte exigeant ne peut être tenu que par des comédiens qui ont les épaules et le charisme suffisants pour le porter. Sinon, on se perd. Et ce peut être catastrophique. Il ne s'agissait donc pas de prendre des comédiens qui auraient été mal castés. Il y a donc eu une vraie recherche pour trouver le comédien qui jouerait Cyril et nous avons eu la chance de rencontrer Luc Cerutti.

Ce qui relève d'un concours de circonstances assez sidérant puisqu'il vient de province qu'il était inconnu…

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Oui. Et plus j'avance dans ce métier plus je crois que c'est la loi du genre. Depuis le début ce projet est un pari permanent qui résulte de coups de poker successifs. La rencontre avec Luc Cerutti a été très rapide et très incertaine aussi puisque le choix s'est fait en 20 minutes alors que nous ne nous connaissions pas. Nous nous sommes bien trouvés mais il y avait un risque. Ensuite, le travail m'incombait. Le travail du metteur en scène n'est pas que de mettre en scène. C'est aussi construire une équipe, fédérer des gens et être papa, grand-frère, psychologue…

Comment s'est passée la direction d'acteur ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : L'idée, qui s'est très vite imposée, est la création d'un espace propre pour chaque comédien sur la scène dans lequel il s'exprimait sans regarder ni toucher les autres. C'était le postulat de départ. Ensuite, à la lecture du texte, il m'est clairement apparu qu'il fallait exclure tout artifice. Il y a à faire un travail fondamental d'honnêteté vis à vis de ce texte. Il ne faut pas cabotiner, même s'il y a de grands numéros d'acteurs dans la pièce, dont certains sont, si j'ose dire, très démonstratifs.

Cela passe par un vrai travail de fond. J'ai travaillé dans une optique de découvrement plus que de recouvrement. Je m'explique. J'ai énormément insisté auprès des comédiens pour qu'ils ne se recouvrent pas par du jeu. Il ne faut pas se retrancher derrière des artifices de jeu ou des trucs d'acteurs. Il y a eu une varie confrontation, en corps à corps avec le texte, de manière à ne pas lui échapper.

Mon travail consiste à remettre le comédien en face du texte si d'aventure il s'en éloignait. Il faut avoir le courage de ne pas tricher et de se colleter avec le texte. Donc il y a une direction d'acteur mais le comédien en tant que tel reste fondamental par ce qu'il apporte. Je suis metteur en scène et non programmateur informatique. Je n'ai donc pas de grille préétablie que je vais plaquer ensuite sur le comédien. Il est évident que le spectacle que le spectateur voit aujourd'hui résulte de la symbiose du texte, de mon écriture sur ce texte et de l'écriture de chaque comédien sur son rôle.

Je pars systématiquement du comédien. Quand je lis le texte, j'écoute ce que ce texte me raconte, je regarde le comédien et j'essaie de savoir quelle histoire me raconte le comédien, ce qu'il porte en lui et ce que je vais en faire pour une rencontre avec le texte. Je ne demande pas au comédien de faire abstraction de ce qu'il est pour se transformer dans un rôle mais de garder toute son histoire pour la mêler à celle racontée par le texte.

Au début du travail, j'ai bien évidemment une perspective, un point vers lequel je tends et que j'indique aux comédiens mais le chemin pour y parvenir n'est pas tout tracé. Je ne le connais d'ailleurs pas. Et heureusement. Je partitionne avec le texte et les comédiens et j'essaie d'accorder le musiques et les sensibilités de chacun.

Comment avez-vous réussi à monter ce spectacle compte tenu de ses caractéristiques ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Nous devons beaucoup à Lee Fou Messica, la directrice artistique de la programmation du Théâtre des Déchargeurs qui a eu, je crois, un gros coup de coeur sur ce texte et qui a voulu parier avec nous sur ce projet. Nous avons eu une vraie rencontre avec ce texte, chacun à notre niveau et Lifu également. C'est donc un enchaînement heureux de rencontres et un pari fou de la part de tous les intervenants.

Quels sont les retours d'ores et déjà ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Pour le moment nous avons différents types de retour. Celui du public est très bon. Le spectacle est très bien accueilli par le public. Nous disposons de moyens totalement dérisoires pour promouvoir ce spectacle et cependant le bouche à oreille a très vite fonctionné et en notre faveur ce qui nous permet de remplir la salle.

Pour ce qui concerne la presse, nous avons joué 4 semaines en juin et c'est un peu court. Certains journalistes sont venus mais ne sortiront leur article qu'en septembre à l'occasion de la reprise du spectacle.

Et puis, il y a un 3 ème retour que nous attendions avec une grande impatience et qui revêtait une très grande importance pour nous, c'est celui de l'auteur. Et ce retour a été extrêmement positif.

Lui aviez-vous soumis votre projet de manière très précise ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Non. Je n'ai pas tenu à travailler avec lui. D'une part c'est une personne très occupée. Ensuite, nous sommes entrés en contact avec lui après un mois de travail à l'occasion d'une interview croisée pour Théâtral magazine. Et à ce moment là j'ai perçu, et je ne crois pas me tromper, que nous nous défendions la même chose notamment une même idée du théâtre.

Où en sont vos études universitaires et l'écriture ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Je me lance dans la recherche donc je continue la double vie en quelque sorte. Cela étant, si je ne paie pas les comédiens, je ne me paie pas non plus et concrètement il y a un moment où je dois pouvoir payer mon loyer, m'habiller et me chauffer l'hiver.

Donc je poursuis dans la voie universitaire qui me propose quelques débouchés plus stables dans l'enseignement. Ce qui me permettra de ne pas être dans une trop grande précarité. Mener les 2 de front reste fatiguant mais cela me permet d'avoir une vision pluri angulaire du théâtre qui est très enrichissante.

Avez-vous d'ores et déjà d'autres projets ?

Damien Chardonnet-Darmaillacq : Pour l'instant, il m'est difficile de parler de l'après "Percolateur Blues" puisque que nous en sommes au commencement. Je suis complètement dans ce projet. Mon objectif est aussi de le faire décoller notamment en le jouant ailleurs qu'à Paris.

L'étape parisienne n'est qu'un début. Nous avons bien sûr des projets mais nous disposons de tellement peu de moyens que le sort des projets suivants dépend de la réussite de celui-ci. Donc nos ambitions futures se dessinent maintenant.

 

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La chronique du spectacle Percolateur Blues


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