Comédie d'après Molière, mise en scène de Stéphanie Wurtz avec François Lis et Bruno Biezunski
L’intrigue de Dom Juan est ici ramenée à ses fondements essentiels. Lorsqu’il s’agit de reprendre l’histoire fascinante de ce séducteur invétéré fier et athée, le pari est de taille et c’est en malmenant joyeusement et amoureusement la pièce célèbre de Molière que François Lis et Bruno Biezunski s’en tirent avec succès.
Ils n’y vont pas de main morte agrémentant la plupart des scènes de leurs commentaires, drôles et décalés. Leur dynamisme et leur rage de jeu sont impressionnants ; les ellipses et les travestissements vont bon train (il est bien stipulé "d’après Molière" !) et les deux acteurs utilisent sans complexe le masque, invitant volontiers les spectateurs à participer à cette joyeuse représentation.
Il n’est guère accordé de répit à ces derniers: pris à partie, invités à rejoindre Dom Juan et Sganarelle sur le plateau, ils virevoltent d’une scène, d’un acte à l’autre, accrochés à ce binôme survoltés.
Pour approfondir encore cette relation de complicité, François Lis et Bruno Biezunski émaillent leur texte de réparties et railleries personnelles quitte à nous perdre un peu parfois. Nourris par leur ardeur et leur vivacité, ils ont en effet parfois tendance à négliger certains aspects du texte de Molière. Ces deux-là ont fait le choix du partage plutôt que de la méditation et il l’assume avec passion.
C’est dans cette dynamique et cette joyeuse complicité avec le spectateur que Molière souhaitait sans doute voir jouer ses pièces. Un duo gagnant donc si l’on en croit les rires surgis du public à tous moments. |