Texte de Israël Horovitz, mise en scène de Ladislas Chollat, avec Daniel San Pedro.
"Trois semaines après le paradis" est un texte autobiographique du dramaturge américain Israël Horovitz écrit en réaction à chaud à l’attentat du 11 septembre 2001.
Israel Horovitz habitait à New York à proximité du World Trade Center. A 8 h 46 heure locale, alors que ses enfants étaient à l’école non loin de là, il prenait un café tranquillement avec son épouse quand il apprend, en temps réel, l’explosion des tours jumelles.
Une fois levée la peur viscérale de de voir ses enfants comptés parmi les victimes, cette catastrophe, qu'il perçoit comme un paradis qui s'effrondre, induit une triple onde de choc : pour le père, le "super papa" qui ne sait pas comment protéger ses enfants, ("Je pense à la beauté de mes enfants. Je pense à la profusion d’amour que j’éprouve pour eux, que je reçois d’eux"), pour l’homme ("Jamais je n'ai connu une telle dépression...une dépression de fin du monde") et pour le citoyen ("Hitler a fait de moi un juif et maintenant Ben Laden a fait de moi un New-Yorkais").
Dans une très belle scénographie basée uniquement sur la lumière, les très belles lumières d’Alban Sauvé et deux éléments de décors aux déflagrations lumineuses, Ladislas Chollat a réussi avec Daniel San Pedro, qui, lui aussi à New York ce jour-là, fut témoin de ce que Horovitz appelle "la télé réalité absolue", un remarquable travail de dramaturgie sur le texte d'une concision extrême de ce dernier, qui érige en réflexion à portée universelle le ressenti profond, affectif et humaniste, d'un homme face à une tragédie personnelle.
Daniel San Pedro, au jeu flamboyant, irradiant, corps nerveux à la musculature de chat d’une grande puissance d’expression corporelle, tout en étant extrêmement rassemblé, concentré, tout en finesse émotionnelle, est un comédien charismatique qui peut tout jouer, Beaumarchais ("Le barbier de Séville") comme Fabrice Melquiot ("Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit").
Il donne à ce spectacle une intensité rare. |