Réalisé par Sam Mendes. Grande-Bretagne, USA. 2009. Drame. Avec Leonardo Di Caprio, Kate Winslet, Michael Shannon.
Dans les années 50, Franck et April se rencontrent lors d’une soirée New-Yorkaise. Elle rêve de réussir comme actrice de théâtre, lui vit au jour le jour. Le coup de foudre est immédiat. Quelques années plus tard, leur relation a évolué pour devenir celle d’un couple marié avec deux enfants, installé dans une banlieue pimpante. April par nécessité est devenue femme au foyer. Ils sont les Wheelers, reconnus par leurs voisins comme jeune couple exemplaire et décalé. Seulement, l’ennui s’est installé dans leur quotidien, et pour sauver leur amour, April fait une proposition très romantique à son mari : quitter le pays pour aller vivre à Paris, ceci sans délais… La réalité va vite les rattraper.
Le britannique Sam Mendes, réalise avec Les Noces Rebelles (Revolutionnary Road en V.O.) son quatrième long métrage. A noter que son premier film porté à l’écran et qui l’a fait reconnaître auprès du public est American Beauty. D’ailleurs, Les Noces Rebelles pourraient être une sorte de remake du film aux roses rouges. Le thème de la solitude au sein de la cellule familiale est repris ici avec beaucoup plus de verve. Là où American Beauty traitait le drame avec humour et poésie, Les Noces Rebelles est beaucoup plus rugueux et frontal.
Le contexte des années cinquante n’est pas choisi par hasard. Période de rebond économique qui fait suite à la guerre, période de mise en place du modèle de l’American way of life : les hommes travaillent dans des bureaux pour entretenir leurs familles pendant que leurs femmes restent à la maison pour s’atteler aux tâches ménagères. Banlieues aux maisons proprettes, aux gazons entretenus avec myriades de gamins qui folâtrent. Bref, le décor est posé.
Mais Mendes aime toujours à gratter la toile une fois qu’il l’a peinte. Ceci pour focuser sur les hommes et les femmes qui y évoluent. Et là, le tableau prend en profondeur. April n’est autre qu’une Desesperate Housewife qui peine à mettre ses rêves et aspirations au placard. Entre deux coups de chiffons et les sorties de poubelles, ses envies d’ailleurs se terrent. Quand à Franck, lui aussi rêve d’ailleurs, prisonnier d’un job qui ne lui plait pas...
C’est April qui proposera de partir à Paris, afin que Franck consacre son temps à chercher une vocation, mais surtout pour se défaire de l’ennui de leur quotidien. Les préparatifs du départ provoquent euphorie et bonheur au sein du couple. Ils vont annoncer avec fierté leur décision à leur entourage, qui les jalouse secrètement. D’ailleurs, la seule personne qui les soutiendra dans leur démarche sera le fils dépressif et sous traitement psychiatrique d’une voisine (l’inquiétant Michael Shannon, qui déjà faisait flipper tout le monde dans l’excellent Bug de Michael Friedkin).
Malheureusement, le départ va être annulé : Franck devient réticent suite à une proposition en or à son travail, et April apprend qu’elle est enceinte. Et c’est là que Mendes apporte une vision à laquelle il ne nous avait pas habitués. Les événements qui suivent sont d’une violence psychologique inattendue. Le couple plonge dans la violence et l’incapacité de se comprendre. Le jeu de Di Caprio et de Winslet (femme à la ville de Mr. Mendes !) est frappant de crédibilité. Qui aurait pensé que le couple du Titanic se retrouverait dans un film où ils se déchirent ?
Personnes sensibles, vous êtes prévenues, mais ne vous abstenez pas d’aller voir ce film. Mendes a choisi un sujet difficile, et le traite avec profondeur et finesse. Ne fermez pas les yeux, même quand le sang vient à couler, sang qui vient démasquer la fausse innocence de la moquette blanche du salon.
Quoi ? Est-ce que j’ai pleuré ? Mais de quoi je me mêle ? |