La
Galerie d'études du Musée des Arts Décoratifs
est traditionnellement consacrée aux accrochages transversaux
thématiques qui permettent, outre une mise en résonance d'un
sujet à travers ses différentes déclinaisons, une belle traversée
de l'histoire des arts décoratifs ainsi que de celle de la mode,
de l'affiche et du jouet.
Celui de 2010 sera placé sous le signe de l'"Animal" qui constitue un motif iconographique récurrent au travers des siècles et dont tous les composants, de la forme au symbolisme en passant bien évidemment par la matière, ont été utilisés comme source d'inspiration souvent ambivalente, de l'anthropomorphisme à la diabolisation.
Conçue par conjointement par Anne Forray-Carlier, conservatrice
en chef du département 17ème-18ème siècle, et Véronique Belloir, conservatrice de la collection mode et textile antérieure
au 20ème siècle, l'exposition propose un parcours en sept étapes qui abordent cet étrange et indéfectible compagnonnage entre l'homme, l'artiste et l'animal.
Un bestiaire enchanté
Cette exposition permet de prendre la mesure de la condition
animale dans tous ses états, de la nature à l'assiette, de l'animal
de compagnie à la source de matières premières, comme sujet
de prédilection des artistes, quelle que soit leur discipline
et leur registre, du naturalisme à la fantasmagorie, tant au
plan esthétique que métaphysique.
Noble
l'animal, est représenté en majesté, redouté ou fascinant, il
hante l'imaginaire des artistes qui inventent chimères et monstres,
aimé et adulé, il se fait totem ou doudou.
La représentation de l'animal dans sa réalité et son intégrité
physique, à en premier lieu, bien évidemment, l'animal sujet
de l'art animalier tel au 19ème siècle avec les bronzes puissants
Antoine-Louis Barye ou les délicats panneaux décoratifs aux
grues et aux paonneaux de Clément Mère.
Et de tous temps, tous les éléments de son corps ont été utilisés.
Poils, plumes, peau mais également la corne, l'ivoire et l'os
ont été utilisés tant pour la parure des belles que pour les
arts décoratifs.
Depuis la préhistoire, l'animal est toujours présent dans la
mode avec par exemple les créations de Leila Menchari pour Hermès
et le créateur-chausseur Benoît Méléard et le couturier Martin
Margiela transforment non innocemment les pieds des belles en
pattes de bête.
L'animal, par son répertoire de formes polymorphes, est également
le support des chimères et du fantastique pour les adultes comme
pour les enfants.
La
sphinge voisine avec les Pokémon, Léo Kouper, pour l'affiche
du cultissime film "Emmanuelle", et Niki de Saint Phalle, avec
son pouf serpent, reprennent le symbolisme du serpent.
Le Milou de Hergé n'hésite pas à rivaliser avec un de ses plus
élégants homologues le lévrier et l'animal, du plus féroce au
plus doux, peuple l'univers des peluches et des doudous.
Car la zoomorphie est omniprésente dans l'art contemporain et le design, depuis les créations des Lalanne, présentées dans la grande nef jusqu'en juillet 2010, la chaise-fourmi de Arno Jacobsen et le fauteuil-éléphant de Bernard Rancillac.
Les
designers notamment jouent beaucoup sur et avec la thématique
animale.
De manière poétique comme Constance Guisset qui invente la colocation animalière avec ses cages-aquariums qui solutionne la problématique du petit poisson et du petit oiseau de Juliette Gréco.
De manière plus politique avec le "Grand Élan d'Atlanta", dont les bois écrivent la marque d'une célèbre boisson gazeuse à base de cola, de Pucci de Rossi qui contextualise le traditionnel trophée de chasse.
Et, dans la veine des vanités, la céramiste Valérie Delarue, qui fait de la cochonnaille un véritable carnage avec "Massacre", un centre de table émaillé de couleur sang séché, nous souhaite un bon appétit sous les auspices du demi boeuf du bouillon Maggi du grand affichiste Savignac. |