Quelques
mois après la sortie du coffret TG+
regroupant dix enregistrements d’anciens concerts du groupe,
les Throbbing Gristle se permettent un
dernier baroud d’honneur avec ce Mutant
TG histoire de se rappeler aux souvenirs des arpenteurs acharnés
des disquaires.
Les Throbbing Gristle ont en effet d’ores et déjà
annoncé leur définitif dernier concert pour la prochaine
édition du festival All Tommorrows Parties en avril 2005
("If it only happened once it would be remembered for generation,
but it happens evey fucking years, it is unebelieavable." Steve
Albini). On aura pu voir un branche fille du collectif par
l’intermédiaire de Coil en
concert à Paris le 22 mai.
Ce nouvel album n’en est pas un (leur discographie - hors
live posthumes et autres plans marketing - s’est arrêtée
au tout début des années 80), et se contente de présenter
une formalisation de l’exercice balisé du remix. Aux
platines on retrouve ici Carl Craig, les
warpeux de Two Lone Swordsmen, Ratcliffe
(la moitié de Basement Jaxx),
certains membres fondateurs de TG (Chris Carter
& Cosey Fanni Tutti) ou les énigmatiques Hedonastif
ou Motor.
On retrouve bien sûr le son lourd, industriel et oppressant
du groupe, il s’agit bien de remix et non de cover, mais dans
l’ensemble on regrette la tendance à trop essayer de
retrouver un rythme où il n’y en avait pas, la facilité
fréquente sur le disque de recourir à des ajouts de
beats ou de boucles est rarement convaincante. Certes TG n’est
pas toujours une bande son de fous furieux impénétrable,
il n’y a qu’à réentendre le tubesque "United"
remixé deux fois ici ("Hot on the
Heels of Love" l’étant lui carrément
3 fois, sur 8 morceaux…) pour s’en convaincre.
Un certain talent un peu vain est ici étalé, de quoi
donner envie de se replonger sur les vrais albums ce qui n’est
déjà pas si mal mais pas une raison suffisante pour
s’acheter un disque.
On pense un peu méchamment à une manoeuvre dérisoire
d’artistes électroniques essayant de se racheter une
conduite en redorant leur statut d’artistes commerciaux un
brin mainstream avec la patine arty, expérimentale et un
peu culte des Throbbing Gristle. Ce serait révéler
davantage son caractère aigri que de s’éterniser
sur la chronique de cet album dispensable relatif à un groupe
phare à redécouvrir.
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