Comédie d'Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Pierre Muller, avec Anne Barthel, Eliane Kherris et Didier Clusel.
Avec "Frisette", Eugène Labiche quitte le salon cossu des petits bourgeois pour une modeste chambre de meublé loué à la semaine pour se pencher, non pas tant de manière vériste sur la condition ouvrière, que sur une fois encore, sur l'antagonisme homme-femme.
Une gérante pragmatique, qui expérimente, subrepticement à l'insu des intéressés, la colocation jour-nuit du même garni à une ouvrière et à un garçon boulanger, devient la main du destin de cette sentimentale fable plébéienne qui aurait pu s'intituler "La logeuse, la grisette et le boulanger".
La jeune dentellière, écoeurée par la gente masculine composée de vils séducteurs, a des velléités presques féministes ("Vivre en liberté, de sa jeunesse être maitresse...") et le mitron est échaudé par l'infidélité du "sexe enchanteur" ("en tous temps, en tous lieux, faisant notre martyre, la femme est un vampire..." ainsi s'épanche l'auteur). Mais quand un marmot paraît...
Jean-Pierre Muller met en scène de manière tout à fait juste, en costumes et avec ses couplets d'origine, ce vaudeville en un acte qui est servi par une distribution homogène qui ne verse jamais dans le pathos naturaliste.
Eliane Kherris, touchante en grisette, et Didier Clusel, parfait en brave homme, et Anne Barthel, excellente en pétulante logeuse, composent ce trio qui chante et joue la comédie avec talent. |