Si souvent rejeté d’une certaine presse intello-élitiste, le champion du box-office qui réunit plus de huit millions de convives à son désormais cultissime "Dîner de cons", nous livre dans une autobiographie fourmillant d’anecdotes que le plus chevronné des scénaristes aurait eu du mal à imaginer, un joli panorama des mondes du cinéma et du théâtre.
Quitte à déboulonner de leur socle certaines têtes couronnées du 7ème art, il ne pratique pas la langue de bois même si la drôlerie et la tendresse sont au diapason de son honnêteté et sens de l’autodérision.
Car il a l’amitié exigeante, Francis Veber. Son admiration pour certains piliers du 7ème art ne va pas l’empêcher de faire jaillir ces vérités qu’il juge à bon escient bonnes à dire, bonnes à rire aussi parfois. Qu’il s’agisse de Depardieu et son goût avéré pour les nectars de Bacchus, de l’oursin bien calé dans la poche de Pierre Richard, de la méchanceté gratuite d’Ugo Tognazzi ou encore des caprices d’un Lino Ventura plus emmerdeur que son partenaire dans le film éponyme, il décoche hardiment de sévères flèches.
Scénariste à succès ("La cage aux folles"), cinéaste couronné ("La chèvre", "Les compères", "La doublure"), cet épicurien qui a tant de mal à résister aux charmes du beau sexe nous embarque dans le bateau de son existence et la mer n’est pas souvent d’huile. De son enfance avec des parents et grands-parents aussi dissemblables que leurs origines au Festival de Cannes, en passant par ses quatre ans de médecine et son aventure américaine, Francis Veber va nous livrer sur un ton résolument comique des détails d’une existence des plus atypiques.
L’écriture est légère, parfois grivoise, à l’image de ses films. Mais au milieu du rire se love souvent beaucoup de tendresse (pour Villeret, Brel, sa famille) et le constat d’un milieu qui n’est pas aussi merveilleux qu’on le croit si souvent car tellement fait de faux départs, de leurres, de désillusions, de chausse-trappes et de coups tordus.
Mais lorsque Veber nous parle de toutes ses amitiés et de sa rencontre avec Marlène Dietrich (un des plus jolis moments de son bouquin), on se dit qu’on se serait bien immiscé de temps en temps dans la formidable aventure de son existence. |