Spectacle conçu et inteprété par Laurence Février d'après le roman de Madame de La Fayette.
Corsetée de pourpre soyeuse par Marie-Thérèse Peyrecave, une femme se promène dans un quinconce de panneaux de tulle grillagé noir transparents pour dispenser sous le titre "La passion corsetée" des extraits de "La princesse de Clèves" de Madame de la Fayette.
De ce roman magnifique à la riche thématique, qui est venu sous les feux de l'actualité médiatico-politique de manière inattendue, Laurence Février a privilégié celle de l'amour dans les déclinaisons de "ce triangle d'amoureux déçus et sublimes" que constituent la princesse, son époux et le duc de Nemours.
Pour ce qui ressortit à la lecture mise en espace, Brigitte Dujardin a élaboré une superbe, et simple, scénographie esthétisante propice au jeu d'ombres et de lumières - en l'occurrence magnifiquement sculptées par Carlos Perez - pour créer un jardin précieux et stylisé qui évoque les labyrinthes ludiques et libertins tant appréciés de la Cour du 17ème siècle en résonance avec les méandres labyrinthiques de la passion, mais aussi les portes dérobées des couloirs secrets, le grillage du confessionnal et le jeu de miroirs.
En témoin empathique et observateur discret, Laurence Février se promène avec aisance tant dans ce jardin des supplices amoureux où l'amour précieux, un amour idéal et idéalisé qui s'inscrit dans l'héritage de l'amour courtois, ne doit sa puissance qu'à son abstinence douloureuse, que dans l'éblouissante langue de ce siècle qu'elle sert avec talent.
La finesse du verbe et la magnificence du style rappellent la beauté et la richesse de la langue française souvent malmenée et l'analyse pertinente du propos milite pour la lecture intégrale de ce premier roman moderne de la littérature française |