The Dears est un de ces groupes fondateurs qui pourraient prétendre au statut de groupe culte. Pilier séminal de la scène montrealaise, The Dears n'a pour autant connu le succès que dans un cercle restreint de public indie pop, doublé largement par le gros buzz Arcade Fire.
Pas découragé et après s'être retrouvé à seulement deux membres dans le groupe, The Dears a saisi le daim par les cornes et avec un nouveau groupe (composé notamment d'anciens membres), les canadiens sortent donc ce Degeneration Street un peu dans l'indifférence générale, comme toujours pourrait-on dire.
Pourtant, le groupe a fait ce qu'il fallait pour s'attirer l'attention d'un plus large public... mais c'est justement là où le bât blesse.
S'autoriser les services d'un producteur connu n'est pas toujours la meilleure idée, d'autres l'ont prouvé par le passé et The Dears récidive avec Tony Hoffer. Producteurs de quelques autres albums un peu mous de quelques autres pointures (Belle & Sebastian...), il a imprimé à Degeneration Street un sens de l'épique un peu trop poussé. Ainsi les envolées vocales paraissent parfois en faire trop comme sur "Blood" qui semble ne jamais vouloir se terminer. Même chose pour les guitares dont ressort un certain maniérisme faisant passer The Dears pour un vulgaire groupe à la Strokes en train de jouer de l'Interpol.
Mais pour autant et c'est d'autant plus chagrinant, les morceaux sont bons, The Dears n'ont rien perdu de leur talent d'écriture et certains titres sont même carrément excellents et justifient à eux seuls d'écouter ce nouvel album. C'est notamment le cas pour "Thrones", vif, sombre, toujours épique sans être caricatural. C'est aussi valable pour "Stick With Me Kid" long à la détente et assez surprenant.
"Galactic Tides" tire aussi son épingle du jeu si on excepte son côté très Radiohead des débuts mais en encore plus lyrique. "Omega Dog" et "Yesteryear" font quant à eux un peu figure d'ovni avec leur son vintage et leur mélodie dépouillée au chant plus retenu. Curieux mélange de pop 60 un peu bal de fin d'année et de brit pop 90, "Tiny man" et son entêtant refrain fait partie des titres à retenir.
En réalité, cet album est un excellent disque de pop noire, mais simplement en demie teinte à la hauteur de ce que l'on attendait de The Dears. Un disque assurément à découvrir en tout cas et d'après les dernières nouvelles, à voir sur scène. |