En cet hiver 2011, le Musée National du Moyen Age évoque une figure médiévale flamboyante à la personnalité aussi complexe que fascinante, Gaston III, comte de Foi et vicomte de Béarn qui choisit de se faire appeler "Fébus" et qui, de son vivant, a préservé l'indépendance du Béarn où il installa à Orthez une cour fastueuse.
Organisée conjointement par le Musée de Cluny, la Bibliothèque Nationale de France, le Musée National du Château de Pau et la RMN-Grand Palais, l'exposition "Gaston Fébus, Prince Soleil" est articulée autour d'un ensemble majeur de manuscrits conservés par la BNF.
Les co-commissaires, Sophie Lagabrielle, conservateur en chef au Musée de Cluny, Marie-Hélène Tesnière, conservateur général à la Bibliothèque nationale de France, Paul Mironneau, conservateur général et directeur du Musée national du château de Pau et Ghislain Brunel, commissaire associé et conservateur en chef aux Archives Nationales, ont conçu la monstration en deux parties thématiques aussi didactiques que complémentaires.
Gaston Fébus, le "Lion des Pyrénées" sur ses terres
Gaston Fébus doit sa notoriété à la plume de Jean Froissart qui résida à sa cour pendant une année, et dont les chroniques constituent les sources les plus importantes sur la première moitié de la Guerre de Cent Ans, qui l'érige en archétype du chevalier arthurien et au grandopeuvre dont il est l'auteur, "Le livre de la chasse".
Bel homme à la chevelure blonde, Gaston Phébus est un homme impétueux et colérique qui répudie son épouse dès la naissance de leur fils qu'il occira par la suite mettant fin à sa lignée.
Edificateur de places fortes, fin stratège politique et guerrier valeureux à la devise explicite ("Touches-y si tu oses"), le gascon passionné de chasse est également un fin lettré, un amateur d'art et un mécène qui entretient une cour réputée, cosmopolite, fastueuse et réservée à la gent masculine.
La monstration se déroule dans deux salles pour deux thématiques.
D'une part, le contexte socio-politique dans lequel évolue le "Prince Soleil", fin stratège qui louvoyait, sur fond de Guerre de Cent ans, avec les royautés de France, de Castille, d’Aragon et de Navarre dans lesquelles le Béarn était enchâssé pour en préserver l'indépendance tout en luttant contre son son principal rival, le Comte d’Armagnac.
Sont présentés des traités, lettres et monnaies ainsi que quelques rares pièces de vaisselle du Tésor d'Ariège et de tissus donnant un aperçu de la richesse princière ainsi que des livres des Chroniques de Jean Froissard.
La seconde salle est notamment consacrée à deux oeuvres de Gaston Fébus : "Le Livre des Oraisons", un livre de prières et "Le Livre de la chasse" dont est présentée la plus belle version enluminée.
Fervent pratiquant de cet art aristocratique, Gaston Fébus a écrit un ouvrage qui, en sus de la magnificence des enluminures, a constitué pendant des siècles un manuel de référence dans le domaine de la cynégétique.
Par ailleurs, il constitue également un manuel d’histoire naturelle, qui sera utilisé jusqu'au 19ème siècle, car apporte une novation à cette pratique du traité de la chasse en y relatant ses connaissances concrètes sur la faune. |