Comédie dramatique de Paul Rudnick, mise en scène de Stéphane Henriot, avec Jonathan Demay, Alexandre Geoffroy, Jérôme Sanchez, Arnaud Chandeclair, Louis Delafon, Solène Gentric, Stéphane Henriot et Fabrice Perret.
Adapté d’une pièce de Paul Rudnick écrite dans les années 90 à New York, et transposé dans ce spectacle dans un Paris contemporain, "Jeffrey" nous conte l’histoire d’un jeune homosexuel qui, lassé de ses aventures sans lendemain, décide de renoncer au sexe pour se concentrer sur sa carrière, un peu vivotante, d’acteur.
Hélas, la tentation l’attend au tournant, en la personne de Stéphane, qui pourrait bien être le garçon de ses rêves. Oui mais voilà, Stéphane est séropositif, alors évidemment, cela complique un peu plus la situation.
S’en suit un jeu de séduction teinté d’attirances, de peurs, d’espoirs mais aussi de "folle" gaieté, avec pour toile de fond la communauté gay urbaine parisienne et une société contemporaine de consommation, futile et superficielle, où Jeffrey tente de trouver les réponses à ses nombreuses questions, sur la vie qu’il mène et le sens qu’il doit lui donner.
Si la pièce originale, de par son contexte historique, laisse une part prépondérante au Sida et à ses ravages dans la société de l’époque, l’adaptation de Christian Bordeleau s’attache beaucoup plus à des problématiques de mœurs plus actuelles : le sexe et par delà les relations humaines comme objet de consommation, l’acceptation de la différence, la peur de la mise en danger (ici tant physique que sentimentale) nécessaire dans toute relation.
L’humour de Rudnik, un peu décalé, fait à la fois de clichés où les gays se moquent ouvertement d’eux-mêmes, de blagues potaches et bon enfant et de répliques pince-sans-rire un peu grinçantes, est cependant toujours omniprésent, même si le trait a été par moment un peu forcé.
Pour rendre cette alternance incessante de comédie et de drame sans perdre ni lasser le spectateur, Stéphane Henriot, à la mise en scène, structure le spectacle de manière hachée, en une série de saynètes, de qualité inégale, allant du sketch comique à l’aparté psychologique, avec des transitions parfois surprenantes, mais imposant ainsi un rythme volontairement entrainant qui stimule constamment l’auditoire.
Les comédiens s'investissent totalement pour faire rire la salle, quitte à en faire parfois un peu trop, et les réactions oscillent entre l’incrédulité navrée ou la franche hilarité selon les moments et les sensibilités.
Le but du metteur en scène semble cependant atteint : mieux vaut en rire qu’en pleurer, du moment qu’on puisse en parler. Jonathan Demay, dans le rôle de Jeffrey, se distingue particulièrement pour son jeu naturel et emprunt de sensibilité, tout comme Alexandre Geoffroy qui compose un Stéphane (personnage pourtant délicat) très juste. Les seconds rôles sont malheureusement un peu en deçà malgré une générosité enthousiasmante.
Au final, voici un agréable divertissement, qui aborde certes des thèmes de sociétés assez graves, mais toujours avec légèreté. |