Comédie de Julien Roullé-Neuville, mise en scène de Judith D'Aleazzo, avec Alexandre Texier, Marine Montaut, Laetitia Giorda et Julien Roullé-Neuville.

Vaudeville moderne, "A vies contraires" est d'abord un excellent moment de théâtre et l'occasion de rire aux éclats.

Arno et Julie viennent de se séparer. Or c'est à ce moment précis que leurs amis Sophie et Daniel débarquent pour demander à Arno "un petit service" qui devrait permettre de consolider leur couple.

Montée à Avignon depuis deux ans, cette pièce débarque à Paris avec une troupe remaniée. Outre le comique de situation, le texte de Julien Roullé-Neuville moque les petits travers du couple parisien bobo et celui du couple de provinciaux, les attitudes machistes ou le besoin de répondre à des clichés sociétaux, et pose des questions morales sous des dehors volontairement légers.

La mise en scène de Judith d'Aleazzo est pleine de peps et permet aux acteurs de se lâcher entièrement. L'énergie devient vite débordante et les spectateurs rient sans retenue. Il convient de souligner que la cohésion de la troupe est parfaite et que l'alchimie entre les différents personnages fonctionne à merveille.

Il y a d'abord Laetitia Giorda, grande brune dont le physique comme l'énergie comique rappellent Anémone. Elle souffle un vent de folie sur scène. Pour le rôle de Julie, la difficulté de Marine Montaut est de composer un personnage en retenue et en colère qui doit contre-balancer les excès de la pièce; elle y parvient avec beaucoup de subtilité.

Julien Roullé-Neuville, auteur de la pièce, s'offre le rôle de Daniel, le beauf un peu caricatural dans sa chemise étriquée. Si les répliques de son personnage sont parfois moins incisives elles n'en demeurent pas moins efficaces. Son attitude décalée, ses bourdes et ses boulettes, font mouche à chaque fois.

Enfin, dans le rôle d'Arno, Alexandre Texier explose véritablement. Il donne la réplique au moment exact pour que l'effet comique soit le plus dévastateur possible, joue de son physique comme pouvait le faire Louis de Funès. Son aisance est évidente, et il montre toute l'étendue de son talent dans ce rôle qu'on ne peut plus, à l'issue de la représentation, imaginer porté par un autre

A la fin du spectacle, le plaisir des comédiens est palpable devant une salle qui en redemande. "A vies contraires" fait partie de ces quelques pièces auxquelles on prédit un bel avenir, voire des représentations sur plusieurs saisons, tellement le rire et la bonne humeur sont au rendez-vous.