Un vrai bordel. Oui mais un bordel organisé, fin et très intelligent. Ca claque, il y a une urgence mélodique et rythmique, tu en prends plein la gueule et les oreilles et le pire, c’est que si tu n’es pas un habitué du groupe, tu vas aimer et même en redemander. Il y a de la sueur, beaucoup d’humour, de la fureur, mais de sacrées mélodies aussi. Et puis il y a de la liberté. Et Cheveu est vraiment un groupe libre. Libre de faire la musique qui lui plaît et libre de changer de cap musical si l’envie lui en prend : vérifiable, il suffit de jeter une oreille à Cheveu puis 1000.
De toute façon, il faut avouer que depuis ses débuts, Cheveu nous donne des petits papillons venimeux dans le ventre. Des papillons qui font "bum bum", comme notre cerveau reptilien dans notre tête, notre épaule contre celle de l’autre gars torse nu, ou comme Devo / Frustration / Cabaret Voltaire contre une pop vachement bien roulée. Cheveu joue peut-être un peu moins pied au plancher qu’avant mais cache derrière une fausse véritable légèreté et un son bien dégueulasse et explosif de véritables pépites pop bien dérangées, comme "Johnny Hurry Up" ou "Polonia", titre ambitieux avec Xavier Klaine (Winter Family) à l’orgue et un chœur bien déglingué, résumant assez bien la philosophie de ce disque, ou encore la tornade inqualifiable "Madame Pompidou", clin d’œil et tape sur les fesses en souvenir de l’affaire Markovic par exemple.
Alors oui le groupe a évolué. Il est peut-être moins anarchique et proto punk noise qu’avant. Mais derrière le souk, le capharnaüm et le désordre se dissimulent des compositions plus élaborées, voire parfois même sibyllines, et une production nettement plus soignée. Un mal pour un bien. En ralentissant parfois le tempo, le trio laisse se déployer son talent d’écriture et des chœurs délicieusement dérangés, et arrangés depuis Tel Aviv par Maya Dunietz déjà présente sur 1000. Alors non, ils n’ont pas mis d’eau dans leur vin et Cheveu reste un des groupes français les plus percutants du moment. |