Réalisé par Tsui Hark. Hong Kong. Aventure. 2h14 (Sortie le 6 août 2014). Avec Mark Chao, William Feng, Angelababy, Carina Lau, Lin Gengxin, Kim Ian, Hu Dong et Kun Chen.
Avec "Detective Dee II - La Légende du Dragon des Mers", le "Steven Spielberg asiatique" Tsui Hark, livre un deuxième épisode des aventures du détective Dee, juge-enquêteur qui a réellement vécu sous la dynastie Tang et devenu le héros de romans policiers chinois au 18ème et de ressusciter, à la fin des années 1940, sous la plume de Robert van Gulik et le nom de juge Ti sans doute plus connu des européens amateurs de romans policiers historiques.
En effet, il signe un divertissement à grand spectacle dans lequel il met sa virtuosité filmique au service d'une partition flamboyante, procédant à une époustouflante fusion de genres placée sous l'auspice de son registre de prédilection qu'est le film de sabre, genre majeur du cinéma populaire chinois, ancré dans l'univers du fantastique et du merveilleux.
Ainsi hybride-t-il le film d'aventures nourri aux contes et légendes de la Chine ancienne, avec batailles et combats haletants contre un monstre marin, la romance féérique avec un amour contrarié façon "La belle et la bête", le thriller politique sur le thème de la conspiration et le film policier.
De plus, respectant les codes du roman policier chinois, et notamment, la règle des trois énigmes distinctes et parallèles, le scénario imbrique plusieurs intrigues croisées qui mettent aux prises les mêmes principaux protagonistes ressortissant tant à des personnages de contes fabuleux que de ceux d''heroic fantasy.
A peine arrivé à Luoyang pour y prendre ses fonctions, capitale du royaume dirigé de fait par la despotique impératrice Wu (Carina Lau) aux méthodes de gouvernement expéditives, Dee (Mark Chao), qui possède une intuition déductive à la Sherlock Holmes doublée de l'assurance d'un Hercule Poirot pourvu des qualités d'une fine lame, surprend une conversation concernant un projet d'enlèvement.
Celui-ci concerne la sublime courtisane Yin (Angelalaby) élue "reine de beauté", cloîtrée comme offrande dans un temple pour apaiser le courroux du fameux dragon des mers qui a détruit la flotte impériale engagée dans une guerre avec un royaume voisin, et qui a été retirée à l'amour de Yuan (Kim Ian), l'héritier de la Maison du Thé Serenity fournisseur exclusif de l'empereur et des familles nobles, métamorphosé en hideux et dangereux dragon d'eau douce Et il vole à sa rescousse.
Par ailleurs, il sera missionné pour découvrir les causes de la destruction de la flotte royale et anéantir un infâme complot en dirigeant les diriger les troupes du Temple suprême menées par le racé, hiératique et ambitieux Yuchi (William Feng).
Pour combattre l'esprit du mal sur tous les fronts, l'union de l'esprit et de la force s'impose avec, en sus, celle de la science avec le troisième mousquetaire qu'est l'apprenti médecin Yuan (Lin Gengxin) pour lutter contre les "potions maléfiques".
Décors grandioses à l'exotisme assumé et costumes impeccables comme des gravures de mode, dont les évanescentes robes-voiles de la courtisane ou les ornements capillaires de l'impératrice, concourent à la beauté plastique du film placé sous le signe des effets spéciaux et qui comporte de véritables morceaux de bravoure telle la bataille navale et l'ahurissante chute-poursuite sur laparoi abrupte d'un gigantesque précipice.
Adepte inconditionnel de la caméra ascensionnelle, une caméra qui sait également virevolter comme s'attarder sur les visages des acteurs pour magnifier l'indicible beauté de la jeunesse, Tsui Hark, secondé par Sung Fai Choi et Baiyang Yu, respectivement directeur de la photographie et chef monteur, ne se fixe aucune limite.
La vélocité et la fluidité majestueuse des combats, chorégraphiés par Yuen Bun dans la grande tradition du cinéma d’action hongkongais, procurent au spectateur, au demeurant transporté simultanément dans un monde magique et une bande dessinée débridée, l'impression d'être en perpétuelle apesanteur dans l'air et l'eau et même sur la terre, tel l'oiseau se livrant à une démonstration de voltige aérienne, capable de piqués vertigineux et de décollages à la verticale, ou une naïade supersonique.
Enfin, le film est truffé de clins d'oeil malicieux, voire potaches tel le gros plan de la l'abeille tranchée en quatre d'un revers de katana, satiriques, par la critique implicite du pouvoir, et parodiques, ainsi avec ses imperceptibles arrêts sur image dans lesquels les personnages paraissent prêts, tels ceux d'un vaudeville, à s'adresser en aparté au spectateur.
Bien évidemment, cartésiens, rationnalistes et désabusés, s'abstenir. |