L'insolitude
(J'ai vécu les étoiles / Musicast) septembre 2014
Qui chante le matin est peut-être un oiseau fut son premier album, en toute poésie. Il était Je Rigole, il est à présent Andoni Iturrioz. Mais la voix est la même, alors pourquoi changer de nom ? Je rigole présageait de trop d’humour, ou trop de cynisme. Bref, he’s back : L’insolitude. Mais qu’est-ce donc ? Découvrons-le ensemble.
Assaillons ce poète de nos questions, partons à l’abordage de ce pirate de la musique. Etre un voyage plutôt qu’un homme, chercher à comprendre l’impalpable, enrober de poésie ce qui nous dépasse. C’est qu’il faut avoir un sacré sens de l’humour pour rire de ce qui ne dépend pas de nous (plutôt que de s’en plaindre).
Avant d’être chanteur, Andoni Iturrioz est d’abord un auteur, un sacré tourneur de phrases, un audacieux poseur de questions "Combien je dois rire pour être content ? Combien de tristesse je dois marcher ? Est-ce que râler se paye comptant ? C’est combien le bonheur ?" ("Combien").
"Comment vit-on quand on est seul, sans se sentir abandonné, quand la solitude ne gueule que pour nous dire qu’on est aimé / Quand le désert est une richesse, / Comment le dire, comment dit-on, je l’appellerai l’insolitude / On n’est pas seul on est en route, on a la foi, on croit au doute, les courant d’air sont les messages / Et les cailloux ont tous raison quand il s’agit de comprendre le monde" ("L’insolitude").
En l’écoutant, vous vous rendrez compte que finalement vous n’avez mal à rien, que Lisa est gentille puisqu’elle reste méchante, qu’on n’a pas perdu la foi, on l’a seulement déplacée, que la haine est la mort vivante et que l’amour est la mort naissante, que le bonheur est planqué dans la lumière d’une étoile… "Choubidou", "nous ne sommes plus qu’un écho dans l’espace-temps".
Et puis Andoni Iturrioz est aussi un compositeur sauvage et indomptable, mêlant crissements et vagissements, silence et hurlements, bouffées de fumée chamanique et boulettes de viande à la sauce gribiche, incantations vaudou et envolées liturgiques. Il s’entoure pour cela de Bertrand Louis, Lisa Portelli, Xuan Lindenmeyer, Jean-Brice Godet et Benjamin Vairon. Une sacrée troupe ironique et complètement perchée. De la musique expérimentale ? D’accord. Je prends.
Et ce n’est pas fini. Que seraient les textes sans les rimes ? Que seraient les sons sans les vocales ? Il sait aussi chanter le bougre. Et pas d’une commune mesure. Plutôt d’une voix ondulante, oscillante, tonitruante ou caressante, surfant sur les hauteurs, plongeant dans les abysses, nageant aisément dans des dimensions improbables, une voie maîtrisée à la perfection. J’ai même cru un moment qu’il faisait lui-même le vent dans les branches.
Ecoutez donc Andoni Iturrioz, laissez-vous émerveiller par la qualité des textes, par la folie de la musique, et par la poésie ironique et onirique avec laquelle il sait décrire ce qui nous entoure tout le temps, nous questionne parfois et nous obsède de temps en temps.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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