Pour le deuxième passage sur grand écran d'un roman de Jean Christophe Grangé (après le raté monumental des "Rivières Pourpres"), Chris Nahon a choisi l'Empire des Loups, plongée crépusculaire dans le milieu turc parisien avec sa mafia, ses tueurs, ses flics véreux et une innocente victime.
Si la première partie, décevante, laisse à penser que nous sommes dans un téléfilm M6 présentant une belle héroïne amnésique aux côtés d'un etrange bellâtre à grands renforts d'effets visuels, le réalisateur entre rapidement dans le vif du sujet et essaie de suivre fidèlement le roman taillé pour le cinéma.
Jean Reno, en vieux flic ripou spécialiste du milieu, joue (pas trop mal) son rôle habituel de dur qui se laisse approcher par le classique jeune flic interpreté par Jocelyn Quivrin, véritable suprise du film. L'ambiance est glacée, les rebondissements nombreux mais le problème est assez semblable aux Rivières Pourpres : adapter un roman de 600 pages plein de surprises en un film de 2h n'est pas possible sans prendre de terribles raccourcis et casser le suspense par des retournements de situations à la chaîne.
On peut toutefois passer un moment divertissant si l'on omet la dernière partie du film. Dans cet épilogue turc, l'édifice, déjà fragile, s'écroule quand le scénario abandonne le roman noir pour offrir une happy end vaseuse à mille lieues des surprises du livre. On semble même voir l'empressement du réalisateur à arrêter le massacre quand le personnage s'écrie "C'est fini" avant d'être coupé par le générique.
"L'empire des loups" n'est pas completement raté. On sent une envie de bien faire, de suivre l'histoire sans trop la dénaturer. Seulement le film est inégal, baclé par moments, desservi par une multitude d'effets visuels inutiles et par des raccourcis dans l'histoire.
Nul doute que Guillaume Nicloux qui prépare l'adaptation du "Concile de Pierre" saura mieux preserver la noirceur des romans et ne pas tomber dans les effets trop faciles. |