Oublier est un disque extraordinaire dans le sens qu’il n’est pas ordinaire ou commun, qu’il est au-dessus de l’ordinaire. Oublier est un disque Univers (pour ne pas dire monde…) et comme à chaque fois avec ce genre de disque, il faudra du temps pour entrer vraiment dedans et accepter d’être dérouté voire agressé… Le disque démarre avec un cri angoisse qui ne nous quittera plus.
A la base, deux univers différents : celui plus "classique" de Laurent Petitgand, reconnu pour ses musiques de films notamment ceux de Wim Wenders (Tokyo-Ga, Les Ailes du désir), ses musiques de ballets, et celui plus proche de la musique post-industrielle (tendance Throbbing Gristle ou Einsturzende Neubauten) et influencée par les situationnistes et le surréalisme du duo activiste Nancéen Geins’t Naït.
Deux univers qui se croisent pour la troisième fois (Si j’avais su j’aurais rien dit en 2011 et Je vous dis en 2014), se rejoignent pour ne former plus qu’un, et tanguer entre atmosphère de fin du monde et clarté mélodique. Tandis que ce qui alourdit (effets de genres, pseudo intellectualisme se transformant en coquille vide sonore), ce genre de musique disparaît, ce qui l’anoblit (le travail sur les mélodies, sur les timbres, la vie et la densité du son, le rythme) remonte ici en pleine lumière.
Oublier, c’est une musique hypnotique, répétitive, allégorie de l’aliénation de la vie. C’est une musique bruitiste, virale, transcendantale, poétique (Je ne dors plus) transmettant des images troubles, sombres. Ces sculptures sonores complexes troublantes, cette musique aventureuse, expérimentale et écorchée permettent à ce disque d’être propice à l’évasion mais pour se retrouver dans un labyrinthe infernal. Flippant mais beau, beau mais flippant.