Comédie de Murielle Magellan, mise en scènede Anouche Setbon, avec Barbara Schulz, Pascal Elbé et Valérie Decobert.
Il ne va pas falloir bien longtemps pour que, dans "L'éveil du chameau", Pascal Elbé se trouve gratifié d'un nom d'oiseau qui va prendre la forme de celui d'un camélidé à bosses.
C'est Maryse, alias Barbara Schulz, quadragénaire pleine de principes fermes et définitifs, qui va affubler le dirigeant d'une ONG caritative de ce patronyme assez péjoratif.
Ce "chameau" est un ours libertin qui ne met absolument aucun bonne volonté pour communiquer poliment avec le sexe opposé, et qui, totalement absorbé par sa tâche humanitaire, semble oublier toute humanité au point d'avoir totalement zappé l'existence d'un fils de 23 ans Evidemment, dans cette comédie de Murielle Magellan rondement menée, les choses évolueront assez rapidement. Le chameau mal léché aux instincts primaires sera vite déstabilisé par la volonté farouche de cette belle femme qui va le réveiller et le ramener à de meilleurs sentiments.
Dans un décor unique de bureau-salon très mal rangé conçu par Oria Puppo, où les dossiers voisinent avec les bouteilles de limonade, a lieu un affrontement alerte et sans temps morts, Murielle Magellan, dont on a pu apprécié plusieurs pièces, à commencer par "Pierre et Papillon", préfère la légèreté même quand le sujet pourrait prêter à effets mélodramatiques. Elle sait, en outre, rendre les choses moins évidentes que le "pitch" pourrait le faire croire. Ainsi, le duo attendu s'avère un trio. Et, aux côtés de Pascal Elbé et de Barbara Schulz, Valérie Decobert joue pleinement un personnage dont la présence fait bifurquer l'histoire attendue vers quelque chose de plus compliqué, voire de plus pervers. Si, quelquefois, on a le sentiment que Murielle Magellan construit son intrigue à gros traits, on finit par ne pas l'en blâmer, car elle rend une copie divertissante et d'une vraie modernité dans son "happy end" ambigu.
Servie par des comédiens convaincus et au meilleur de leur forme, "L'éveil du chameau" n'est pas à dédaigner. |