Ragnar Jónasson
(Editions La Martinière) mars 2017
Il souffle depuis une bonne décennie déjà un vent glacial venu de Scandinavie et d’Islande sur la production de polars. Ragnar Jónasson, descendu du froid, fait partie de ces nouveaux auteurs de polars dont le talent, découvert avec son premier livre Snjór, est confirmé avec ce nouveau livre Mörk, ô combien réussi.
Cinq ans se sont écoulés depuis l’arrivée du jeune policier Ari Thor à Siglu fjörd, cet ancien port de pêche de l’extrême nord de l’Islande. Un soir, il apprend que son collègue, Herjolfur, a été grièvement blessé. L’homme enquêtait seul, au beau milieu de la nuit, dans une maison abandonnée. Qui a bien pu tirer à bout portant sur Herjolfur ? Qui pouvait être son ennemi dans cette petite communauté où tout le monde se connaît ? Bien vite, se noue un inextricable jeu de piste qui, de passé trouble en compromissions, mènera Ari Thor jusqu’à l’hôpital psychiatrique de Reykjavik, où il semble qu’on puisse retenir certaines personnes contre leur gré.
L’histoire se situe donc en Islande, l’auteur nous embarque dans une enquête à huis-clos à l’échelle d’une petite bourgade islandaise, pleine de secrets enfouis qui vont finir par être révélés sous la pugnacité de l’enquêteur. L’auteur nous livre en même temps une belle description de son pays, les fjords, l’hiver qui n’en finit pas, les jours qui sont des nuits, le froid, la pluie et le vent, l’ensemble créant une atmosphère bien particulière qui se confond parfaitement avec le crime commis contre ce policier.
En même temps que se déroule l’enquête, l’auteur nous livre en parallèle le récit d’un journal écrit par un personnage lors d’un séjour en hôpital psychiatrique. Son ombre inquiétante règne tout du long, sans même que l’on ne soit certain de son rôle dans cette affaire.
Les personnages du livre sont bien écrits, ils se dévoilent avec parcimonie, l’auteur nous emmène avec malice vers quelques pistes plus pressantes, l’ensemble fournissant les ingrédients pour construire un excellent polar. Les descriptions des paysages ajoutent un dépaysement total à la lecture, le froid nous traversant parfois la peau. Sans rien dévoiler évidemment, le suspens est entier jusqu’à l’acte final, qui nous laisse pantois. C’est à cela d’ailleurs, que l’on reconnaît les grands polars, lorsque l’on tourne les pages avec frénésie pour savoir la fin et que celle-ci nous stupéfait.
Belle pioche donc, pour les Editions de la Martinière avec cet auteur venu des contrées lointaines islandaises qui confirme tout le bien que l’on pensait de lui après Snójr. Mörk, plus qu’une confirmation, est en parfaite cohérence avec Snójr avec en plus, une intrigue beaucoup plus dense.
L’Islande n’a peut-être toujours pas livré tous ses secrets comme nous le dit la couverture de Mörk, elle nous en a néanmoins gratifié d’un excellent auteur dont on attend déjà avec impatience son nouveau polar. Ragnar Jónasson a désormais toute sa place aux côtés des Jussi Adler-Olsen, Arnaldur Indriðason, Jo Nesbø et autres Camilla Läckberg.
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