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puce Lettres à Nour
Théâtre Antoine  (Paris)  février 2018

Transposition théâtrale d'un roman épistolaire de Rachid Benzine, mise en scène de Charles Berling, avec Charles Berling et Lou de Laâge.

En écrivant "Nour, pourquoi n'ai-je rien vu venir ?", l'islamologue Rachid Benzine pensait-il à "Inconnu à cette adresse" de Kresmann Taylor ?

Car ce roman épistolaire, entre une fille de vingt ans partie rejoindre les combattants musulmans en Irak, et son père, intellectuel spécialiste du Coran dont il a une lecture humaniste et non guerrière, a tout pour susciter le même intérêt que les lettres entre deux Allemands séparés par le nazisme.

Dans sa version théâtrale, "Lettres à Nour", on voit nettement deux parties dans l'échange tendu et passionné entre celle qui croit participer à une grande aventure pure et juste et celui qui la prévient que l'utopie dont elle rêve n'est qu'un mirage.

Dans un premier temps, les deux points de vue sont également exposés, et les interprètes Lou de Laâge (Nour) et Charles Berling (son père) font assaut d'éloquence et de tolérance l'un envers l'autre malgré l'abîme idéologique qui se creuse entre eux.

En tant qu'auditeurs, on est surpris de la qualité des arguments échangés et de la belle conviction des acteurs, l'une enflammée et volontariste, l'autre sceptique et plein d'appréhension sur le sort fatal qui attend sa fille bien-aimée.

Dans un second temps, les choses se gâtent et Rachid Benzine, on le devine, choisit son camp en chargeant la mule islamiste. Le récit manichéen prend alors le dessus sur la confrontation des idées avec une terrible efficacité, un talent dans la fabrication qui rappelle celui d'un Eric-Emmanuel Schmitt à son meilleur.

Pour signifier leur éloignement, Charles Berling a placé chacun des intervenants au bout d'une très longue table blanche qui occupe une grande partie de la scène. Impossible pour eux de se rejoindre, de se toucher, de se regarder même. Seuls leurs voix portent encore, mais peu à peu la lecture à son tour devient aléatoire. L'un peut commencer ou finir le texte de l'autre. On n'arrivera pas à la cacophonie, mais rien ne s'y opposait vraiment.

On soulignera avant tout la qualité de la distribution. Lou de Laâge habite jusqu'aux larmes son personnage. Elle sait pourtant s'arrêter bien avant que cela ne devienne un effet. Cette jeune grande comédienne sait ne pas aller trop loin, bien que le contenu de sa dernière lettre pourrait l'y pousser.

Quant à Charles Berling, il est convaincant en père brisé très vite, anticipant tout ce que Rachid Benzine va lui faire subir et c'est peu dire que l'auteur a eu la main lourde. On aurait sans doute aimé qu'il l'ait moins, notamment qu'il ne transforme pas en monstre le prince charmant de sa fille Nour. Dès lors, le texte n'en aurait été que meilleur. Mais il faut peut-être tenir compte qu'il essuie les plâtres avec ce sujet et qu'une trop grande subtilité l'aurait rendu moins acceptable.

En tout cas, telle qu'elle est écrite, "Lettres à Nour" est une pièce qui devrait connaître un énorme succès. Comme "Inconnu à cette adresse", elle a l'avantage de pouvoir être proposée à différents duos d'acteurs (un acteur reconnu, une jeune actrice prometteuse) permettant ainsi aux spectateurs conquis de revenir plusieurs fois sans se lasser et surtout y retrouver un scénario extraordinairement bien ficelé.

 

Philippe Person         
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Du côté de la musique :

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"J'irais ailleurs" de Les Soucoupes Violentes
"Sublimer" de Marine Thibault
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"Boomerang" de The Darts
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et toujours :
"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
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Au théâtre :

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des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
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"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
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et toujours :
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"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
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Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
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