Lecture d'après l'oeuvre éponyme de Lydie Salvayre, mise en espace de Jean-Michel Ribes, avec Annie Grégorio et Alexie Ribes.
Pour, indique-t-elle, se défaire de "l'image honorable et solennelle" attachée au Prix Goncourt qui lui a été décerné en 2014, la romancière Lydie Salvayre a commis un court opus intitulé "Petit traité d'éducation lubrique" s'aventurant dans l'égrillard.
Et ce pour célébrer les plaisirs et les vertus de l'épicurisme et "restituer à la chose sexuelle, si tristement confinée au trivial, si bassement réduite au matérialisme par les esprits vulgaires, son obscure, son inquiétante, son incommensurable puissance" en un temps qui connaît le retour du puritanisme et de l'intégrisme moral.
Sur le fond, si le titre comme le thème évoque un genre littéraire fameux, celui du roman libertin du 18ème siècle, Lydia Salvayre n'est pas Crébillon fils, pour ne citer que lui et les pratiques évoquées dans les extraits présentés ressortent davantage aux transports amoureux qu'aux pratiques lubriques.
S'y mêlent le vocabulaire de la Carte du Tendre et le vulgaire contemporain, une typologie comique en fonction tant du genre que de la nationalité, une molle et compassée crudité pornographique et des considérations subjectives sur certains phénomènes sociétaux contemporains. Ce qui incite davantage au sourire, voire au rire, qu'à à la fornication.
Sur le son du clavecin, Jean-Michel Ribes assure la mise en espace d'une lecture à deux voix féminines, celles de Annie Gégorio et de Alexie Ribes, sagement assises à l'identique devant des petites tables jumelles, qui n'officient pas dans le même registre.
Avec une grande économie gestuelle, laissant libre cours à son accent gouleyant et son verbe pétulant, Annie Grégorio oeuvre dans un quant-à-soi du genre "humour pince-sans-rire qui n'en pense pas moins". A ses côtés, Alexie Ribes s'épanouit dans le didactique démonstratif, accompagnant du geste la parole.
Ce qui rend divertissant leur prestation. |