Monologue dramatique d’après le roman éponyme d’Eric Vuillard conçu et interprété par Dominique Frot.
Le récit démarre le 20 février 1933 lorsque tous les grands pontes de l'industrie allemande sont réunis pour rencontrer Goering, président du Reichstag et le chancelier Hitler venus leur demander de financer leur campagne électorale. Les 24 hommes en costume sombre derrière la table ne savent pas encore (ou ne veulent pas savoir) qu'ils vont prendre part à l'une des périodes les plus sombres de l'Histoire.
Dans une grande sobriété, la singulière Dominique Frot vient faire entendre le texte "L'Ordre du jour" d'Eric Vuillard, prix Goncourt 2017, qui dissèque dans toute sa vérité banale et crue le mécanisme de la montée du parti nazi et la machination qui aboutira à l'Anschluss. Il analyse les liens entre politique et industrie, mettant le doigt sur les nombreuses lâchetés et compromissions à tous les niveaux.
Pour illustrer le propos, juste quelques notes de piano (belle composition musicale d'Eli Frot), une lumière précise de Christophe Forey et Sébastien Piron ou des peintures poignantes de Jean-Pierre Guillard tels des fantômes de cette période là... Dans sa longue chemise blanche, Dominique Frot par petites touches met en valeur le texte d'Eric Vuillard, chaque chapitre apportant une nouvelle avancée dans la course à l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne.
Une comédienne habitée qui de sa présence hébétée presque fantomatique et de sa voix caverneuse déroule avec intelligence le récit grinçant et implacable dans sa froideur destructrice mais parfois drôle également qui retrace les prémices de la seconde guerre mondiale.
Un moment captivant porté par une Dominique Frot magistrale dans toute sa fragile humanité. |