Comédie dramatique de Dea Loher, mise en scène de Véronique Widock avec Olivier Comte, Iona Craciunesco, Lise Maussion Thompson, Elisabetta Barucco, Cécice Arch, Diana Sakalauskaïté, Claudie Decultis et Geneviève de Kermabon.
Avec "Barbe Bleue, espoir des femmes", Dea Loher revisite le célébrissime conte de Perrault qui décline une thématique classique, celle du péché originel biblique qui est aussi celle de la boîte de Pandore de la mythologie grecque.
D'une plume acérée et d'un verbe à la fois intelligent et poétique, elle signe une magnifique et tragique danse moderne d’amour et de mort qui s'inscrit également comme une ode à la féminité déique.
Ici, Henri Barbe Bleue est un homme ordinaire, mais toutefois un insignifiant vendeur de chaussures, objets fétichistes par excellence, fétichisme, qui va souvent de pair avec l’impuissance et la soumission masochiste, dont il se contente face à une impuissance tout azimut, handicapé de la vie à la sexualité inexistante.
Cet homme banal, auquel Olivier Comte prête son talent et son physique de vieil adolescent, a le regard d’un oisillon tombé du nid face à ces ogresses dotées d’un furieux appétit d’amour qui l’invitent au sacrifice ultime de son ego sur l’autel de l’amour absolu. Un amour au delà de toute mesure qui ne peut trouver chaussure à son pied dans ce bas monde et ne peut engendrer que la souffrance et la mort.
A ses côtés, Iona Craciunesco, Lise Maussion Thompson, Elisabetta Barucco, Cécice Arch, Diana Sakalauskaïté, Claudie Decultis et Geneviève de Kermabon sont fantastiques tant dans l’authenticité que dans la démesure, la tragédie et la poésie kitsch.
Dans une époustouflante scénographie, simple et ingénieuse, de Vincent Brédif, Véronique Widock signe une mise en scène percutante d'un spectacle totalement surréaliste au sens non galvaudé du terme.
Sans aucun doute l’un des meilleurs spectacles du moment, ab-so-lu-ment indispensable ! |