Ziggy Marley sous le rare soleil de juillet en ouverture de la deuxième journée d'un festival, quoi de plus relaxant ? Du reggae pur jus (on ne pouvait s'attendre à autre chose de la part de l'héritier de Bob), calme, serein, bien dosé, avec ce qu'il faut de rythme. Idéal pour débuter la longue journée et surement un des concerts les mieux placés dans le top 5 de cette édition. Parfait et sans prétention, ca change !
Quelques minutes plus tard, grande discussion devant la scène 2 : quiproquo ? erreur du management ? toujours est-il que si les Sniper, présents ce samedi à l'affiche et sur la scène 2 se prétaient joyeusement aux photos avec bénévoles, ils ont eu le triste honneur d'être le tout premier groupe en 10 ans de festival à interdire les photos de presse lors du concert. Etonnant à Bobital.
On se rassure une heure plus tard avec le régional de l'étape, le nouveau costarmoricain Da Silva qui était promis avec des guests qui alimentaient l'avant festival de ragots croustillants : Cali ? Françoiz Breut ? des gens de Tôt ou Tard de passage en Bretagne ? Ce fut la première solution la plus probable jusqu'au moment où le sieur Cali retenu ne put se déplacer et fut remplacé au pied levé par notre Yann Tiersen national. 20 minutes avant le concert, les deux complices gravissent l'enorme structure en attendant l'heure du concert. Précis, mais toujours aussi peu loquace dans ses concerts, Da Silva conquiert le public de l'après midi avec ses mélodies formidablement écrites. Duo de violons sur la fin entre Raphaël, membre de l'équipe de Da Silva et Yann Tiersen et un concert qui ne fait pas de vagues mais mets une bonne dose de bonne chanson française dans une programmation internationale.
On passe sur un moment d'émotion avec Julien Clerc sur la scène 2. Moment de réunion si prisé par l'équipe du festival où les amateurs de Manson chantent avec les bénévoles les tubes d'Etienne Roda-Gil à qui le concert sera, comme d'habitude, dédié. Petit couac en fin de concert sécoué par la scène 1 qui s'anime alors que Julien Clerc n'a pas fini de chanter. Les rockeurs anglais n'en pouvaient surement plus d'attendre.
Alors que desormais on peut mettre autant de son dans une pédale de 20cm que dans quelques amplis vigoureusement ravageurs, Status Quo a fait la une du Ouest France en arrivant à Bobital avec plusieurs semi remorques de matériel .. En regardant la ligne d'amplis blancs sur le plateau on comprend mieux la chose. Un peu de surenchère et d'esbrouffe face à des géants comme Placebo ou Manson présents au festival la même journée ? peut-être .. En tout cas tant de remue-ménage pour exposer des amplis parfois éteints peut laisser une vilaine impression. La musique est un rock boogie un peu daté dont les titres raviront les fans toujours friands de spectacles des Quo. Malheureusement, à moins qu'un détour au stand galette saucisses m'ait fait raté ce moment, ils n'ont même pas pris le temps de jouer le seul grand tube qu'ils n'aient jamais eu en France.. Dommage.
Le calme avant la tempête : les organisateurs montent sur la scène 2 pour présenter la chanson du festival proposée par Kalffa, dans la lignée des Soldat Louis et autres groupes de rock breton. Ils en profitent pour dédier cette dixième édition, dans un discours émouvant, au chef électricien du festival disparu dans l'année. Avant de laisser la place à Pleymo pour le concert le plus violent du festival. Gros son, gros métal, le groupe français, aux membres salis et crottés comme après s'ils s'étaient roulés dans la fosse de la scène 1, balance les décibels et provoque les plus gros pogos de la soirée. Le chanteur organise même de petits jeux, séparant le public en deux avant de déclencher une joute amicale mais ô combien violente. Impressionant par la musique et la vague de festivaliers sur la grande prairie de Bobital, un très gros moment du festival.
Juste après cette tornade, Placebo. Désormais grosse machinerie, ils gardent l'énergie musicale des premiers jours mais malheureusement la nouveauté n'est plus là. Molko ne bouge quasiment pas et, si les sempiternels tubes parviennent toujours à faire frémir les plus réticents, les voir en concert est desormais devenu un peu trop banal pour apprécier pleinement. C'est puissant, c'est sonique mais tellement prévisible qu'on finit par moments par s'ennuyer. Bonne nouvelle, le groupe va faire une pause : une bonne manière de se renouveller en jouant un peu en solo : ca a réussi à tant d'autres et ca permet même une tournée géante de reformation, que demander de mieux ?
Après Pleymo et Placebo et en attendant la grande Marilyn, rien de tel pour tenir les foules qu'un DJ Zebra survitaminé pour faire tenir le rythme. Et de rythme il n'en manque pas, lui qui préfère le bootleg, le mélange des genres au pur mix electro-demodé, quitte à passer pour un imposteur pour les amateurs des DJ d'antan. Prenez un artiste puis un autre, melangez et vous obtenez une terrible piste de danse pour plus de 40000 personnes. Allié au leader des Saïan et du chanteur de la Phaze, le show se transforme même en véritable concert pour le plus grand bonheur de la foule qui n'a encore pas reçu une goutte de pluie du week end.
Comparé à la déferlante Pleymo et leurs pogos monstrueux, difficile de croire que les fans de Marilyn Manson pourront faire mieux. Ce n'est toutefois pas l'avis de la sécurité qui enrichit la fosse pour atteindre un nombre record de plus de 40 vigiles pour surveiller les amateurs de l'ennemi public numéro 1 américain. Après une bonne dizaine de minutes de retard à regarder l'enorme rideau signé des lettres MM, l'accro à l'oxygène (il a fait trouver par l'organisation 4 enormes bouteilles de ce précieux fortifiant pour son concert) débarque enfin sur la scène. Surprise, ce ne sera pas dans une fumée opaque que se feront les premiers pas de Manson mais c'est plutôt avec une lumière tantôt ecarlate tantot blanche que l'affreux jojo se promenera de cour en jardin avant de se tremousser sur l'avant scène. Tout est grandiloquent, sinistre, avec musique gothique, candelabres et poignard micro. Rien ne fait vraiment peur et derrière la terrible puissance des Pleymo ou Zebra, la musique semble un peu lente. On regarde le sieur Marilyn qui assure le spectacle, très réussi, mais qui ne méritait pas forcément autant d'attente et d'empressements.
Un peu de repos et les festivités recommencent dès le dimanche après midi par un grand défilé carnavalesque dans les rues de Bobital jusqu'au site du festival où l'entrée est gratuite et où tout est organisé pour faire découvrir le monde des Terre-Neuvas au grand public. 17h00, retour de la musique avec d'abord les Glochos, amusants inventeurs de la musique pechno (c'est eux qui le disent) tout en humour troupier et en charentaises puis les Elmer Food Beat, initialement prévus l'an dernier mais pour lesquels un malheureux empechement avait fait annulé la prestation.
Revoir Elmer Food Beat en 2007, pour un trentenaire, cela signifie une plongée dans les années lycée, les premiers groupes, les premières reprises des Caroline, Linda ou autres caissières de supermarché. Elmer Food Beat c'étaient des paroles erotico-comiques, un look pas possible et surtout de la musique ultra facile à rejouer pour qui apprenait la musique. Le plus épatant pour ce concert c'est que l'energie du groupe, Manou en tête, est toujours là, et surtout que des ados qui n'étaient même pas nés quand leurs parents reprennaient ces refrains dérisoires, chantent à tue tête agrippés aux barrières. Après une bonne heure de nostalgie, Manou nous fait même le coup du slip Superman, presque à poil, comme à l'époque, poignées d'amour en plus, avant de repartir en laissant le public à ses souvenirs. Chapeau !
Elu artiste le plus abordable de cette édition, Riké monte sur scène comme il se promène dans le festival : sourire aux lèvres, prêt à discuter avec toutes les personnes qu'il croise. Et c'est presque une discussion que ce concert, Riké ayant delaissé Sinsemilia pendant quelques temps pour offrir ses chansons en solo, il parle, se raconte et sans quitter sa bonne humeur, expose sa vision de la vie dans ses chansons. Tout simplement.
Comme tous les ans, le dimanche, la grande scène s'ouvre pour accueillir l'heure bretonne. Tantôt occupée par un comique ou un jeune chanteur du cru, tantôt par des révélations de l'année, cette année, pour fêter le 10ème anniversaire, ce ne sont pas moins que le bagad de Brest, le guitar hero Pat O May, Alan Stivell, Gilles Servat et Anthony Chaplain qui se succèderont pour des duos, reprises et autres prestations musicales (dont un final éblouissant avec les responsables du festival au chant et même à la guitare ! ).
Suivra ensuite les prestation de Superbus, déjà là il y a deux ans, pour la même pop sucrée joliment menée par mademoiselle Ayache qui nous a offert une bien jolie reprise de Nirvana entre leurs tubes disponibles sur toutes les radios, et enfin l'arrivée de Renaud, jeune amoureux, vieux revolté, qui, s'il perd parfois un peu de sa voix, n'en reste pas moins attachant, émouvant, mimant ses chansons avec rage et humour et surtout repassant sur son répertoire pour un excellent moment. La prairie de Bobital s'est même vue éclairée par les briquets, chose que dixit Renaud, "rappelle le bon vieux temps", temps où les briquets remplacaient les actuels téléphones ou flash d'appareils numériques. Nostalgie quand tu nous tiens...
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