Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Amélie Nothomb, mise en scène de Stéphane Cottin, avec Michel Boy, Julie Turin et Grégory Gerreboo.
Alors que dehors la guerre fait rage et que le froid s’insinue partout, repliés dans la maison d’un professeur d’université dont seule la bibliothèque subsiste, l'homme, son assistant et la fiancée de celui-ci s’interrogent à propos des livres qui sont les seuls combustibles possibles : quels sont ceux que l’on peut ou non sacrifier?
Le texte d’Amélie Nothomb, "Les combustibles" , explore de nombreux thèmes aux résonances multiples : les goûts littéraires, les rapports de pouvoir, l’enseignement… L’auteure nous interroge en permanence sur le rôle de la littérature, sur nos choix personnels et sur la place de la culture dans notre société (thème ô combien d’actualité !)
La mise en scène de Stéphane Cottin met l’accent sur le huis-clos glacial où, peu à peu, les points de vue se confrontent (non sans humour) et les fantasmes se dévoilent. La belle scénographie de Sophie Jacob montre sur fond de fumée bleutée une bibliothèque qui se réduit peu à peu pour finalement disparaitre dans le chaos final et l’image en est particulièrement marquante et douloureuse.
Seuls les intermèdes entre les différents tableaux, empruntant au tango (danse charnelle par excellence) rapprochent les corps dans ce désert affectif où avec les livres disparaissent les mots, l’amour et la vie.
Michel Boy interprète avec beaucoup de finesse le rôle du professeur à la fois cynique, drôle et pathétique. Il porte le spectacle avec toute son expérience et son talent. A ses côtés, Gregory Gerreboo donne à Daniel tout l’idéalisme de la jeunesse, non sans quelques contradictions ; son interprétation est flamboyante.
Julie Turin quant à elle, est magnifique de force et de fragilité mélée dans ce personnage d’animal blessé (double de l'auteure?) dont les mots vont ranimer une petite flamme tout au fond. On se souviendra longtemps de sa prestation incandescente et son face à face avec le professeur est un très grand moment de théâtre.
Un spectacle magnifique qui donne aux mots d’Amélie Nothomb toute leur puissance et leur émotion. |