La 9ème édition de Artsénat, exposition d'art contemporain organisée par le Sénat, dont la carte blanche a été confiée, pour 2008, à Chantal Mennesson, Présidente de la Biennale d’Issy, est placée sous le thème "Du vent dans les branches" symbolisant la liberté inhérente à la création contemporaine.
L'exposition en libre accès investit non seulement l'Orangerie du Sénat mais également les jardins du Luxembourg pour un parcours éclaté et éclectique avec une sélection d'artistes dont certains étaient lauréats en 2007 de ladite biennale.
Dans l'Orangerie, peintres et sculpteurs sont placés sous l'égide du chef de file de la Figuration libre, Robert Combas, dont l'exubérant "Pot de jambes en bouquet de pieds et de mollet" a été retenue comme visuel événementiel.
Sculptures monumentales et installations en résonance avec l'homme et la nature prennent place dans les jardins pour une ludique chasse au Trésor, certes recensées sur des plans qui parsèment le lieu mais qu'il est sans doute plus agréable de découvrir au gré d'une promenade nez au vent, qui s'impose, ou d'une pause qui dévoile une œuvre sous un angle inattendu.
Une Orangerie fructueuse
Du land art joyeux avec les "Graines en folie" qui bourgeonnent sur les sculptures verticales de Claire Echkenazi à la nouvelle abstraction française avec le minimalisme contemplatif d’Emmanuel Barcilon et le triptyque "Eclipse" de Tony Soulié en passant par le transavantgardisme avec les installations carbonisées de Philippe Borderieux ("Corbeaux") et Stéphane Pencréac'h ("La source"), l'Orangerie présente un vaste panorama créatif.
La mutation, l'hybridation, la confusion des espèces constituent une thématique récurrente, représentée par Tian Bing Li et son arbre humain ("Arbre 2"). Le corps devient lieu de périples surréalistes pour le "Voyageur immobile" de Jorg Langhans qui peuvent aller jusqu'au cellulaire avec les "Ecumes vertes" de Nicolas d'Olce.
Les meubles art nouveau de Sophie Reynaud coexistent avec la plasturgie design de la sculpture de Jean Isnard ("Extrusion de feuilles") et les sculptures murales de Jean-Paul Reti ("Evitement") revisitent le supports-surfaces comme Muriel Rodolosse qui s'affranchit du classique support pictural pour ses étranges narrations mutantes ("Ancora").
Le courant figuratif est également bien représenté avec la figuration narrative critique ("Totem" de Anna Fola et "Assez je ne veux rien savoir" de Nadia Benbouta) et la figuration libre (série "Enjoy" de Xiao-Fan Ru et série Eve and the promised land" de Corinne Fhima).
Des jardins
florissants
Pendant quelques mois, les jardins du Luxembourg, placés sous le regard du "Prophète" de Louis Derbré dont la tête monumentale invite à la spiritualité et à la réflexion, invitent l'art contemporain, à voisiner en résonance avec les pelouses, bosquets et allées comme avec la statuaire devenue "classique" attachée au lieu.
A chacun d'en prendre la mesure, qu'il s'agisse du temps, de la réflexion ou de la spiritualité, et de voyager dans les tendances actuelles de la sculpture.
Le bucolisme du lieu convient particulièrement aux tenants du land art et de l'arte povera. Polska fait voguer ses pirogues en osier et bambou dans la fontaine Médicis alors que "Les Barques Echouées" d'Odile de Frayssinet sont abritées par les arbres d'une forêt improbable qui abrite aussi bien des sculptures métamorphiques,
telles le "Cheval au Pré et son enclos poétique aux chevaux de vent" de Florence de Ponthaud et le "Cerf" Roland Cognet, que les subtiles et énigmatiques bronzes de Jeanne Bouchard qui apparaissent comme surgies d'un étrange royaume des ombres.
Les pousses métalliques de la série "Germination" de Philippe Desloubières ne craignent pas les arrosages et "Mach III", l'homme tout en puissance de Philipe Seené est en symétrie avec "L’effort"la statue de Pierre Roche
Autre lieu, autres tendances avec les ensembles floraux pop kitsch des "Plantastiques" de Christophe Dalecki ou des "Morceaux Fleuris" de Faz et "La cage de lumière et de vent" de Jordi
et une immersion dans le néo nouveau réalisme avec le détournement d'objets à la Haines pour "Le brasier du Luxembourg" de Julien Gudea, les constructions métalliques polymorphes de Nicolas Sanhes.
La promenade peut s'enrichir d'une quête du sacré avec les "Totems" en cristal de Brigitte Saillard et Jean-Marc Sicard qui accroche aux arbres des rubans roses à l'imitation des arbres à prières tibétains.
La tolérance de Guy Ferrer
La réflexion sur la spiritualité est aussi au centre du travail de Guy Ferrer qui expose une sculpture plurielle sur le parcours des Reines pour, indique-t-il, "adhérer activement au concept de tolérance, chef d'un engagement essentiel pour le respect humain et la paix dans le monde".
Un message clair dont la lisibilité est donnée par la 9 sculptures monumentales en bronze, conçues sur le principe du personnage-lettre, qui inscrivent le mot "tolérance"
.
Chacune de ces sculptures, qui évoque un culte une religion ou une spiritualité et qu'il qualifie d'émissaires, d'une expressivité à la fois prégnante et énigmatique, puise à la fois dans la mémoire archaïque et dans l'iconographie du sacré symbolise magnifiquement ces "traces du sacré" qui sont à l'honneur d'une exposition au Centre Pompidou. |