Tragi-comédie
de Corneille, mise en scène de Thomas Le Douarec, avec
Olivier Bénard, Jean-Pierre Bernard, Aliocha Itovich,
Luis de la Carrasca, Clio Van De Walle, Melinda Sala, Florent
Guyot, Jean-Paul Pitolin, Gilles Nicoleau, Marie Parouty, Enrique
Santiago et Kuky Santiago.
Avec "Le Cid", Corneille
a voulu écrire une tragi-comédie mais "Le
Cid flamenco", version extrême, revendiquée
et assumée par Thomas Le Douarec,
risque de susciter une levée de boucliers de la part
des gardiens du dogme cornélien. Par ailleurs, difficile
de savoir si ce dernier aime brouiller les pistes et user de
la provocation jubilatoire et potache
ou si, plus simplement, il affiche des goûts éclectiques
et aime concocter des salmigondis au sens culinaire du terme
à la sauce Tarentino.
En effet, cette espagnolade, dont l'affiche représentant
les deux amants nus dans un contre jour suggestif pourrait aisément
servir de visuel à une revue érotique, est placée
sous le signe du patchwork mêlant comédie musicale
à la Gipsy Kings avec décor de carton pâte
et éclairages crus, théâtre de cape et d'épée
avec des costumes dignes de Jean-Claude Jitrois pour les World
Music Awards et intrigue au sang chaud entre tragédie
antique et vendetta corse.
Car les alexandrins de Corneille sont bien là et les comédiens
s'en sortent plutôt bien dans la mesure où ils
déjouent les scies inhérentes à la diction
déclamatoire. Les bonnes surprises ne viennent pas forcément
là où on les attend : ainsi Olivier Bénard,
formé sur le tas à l'école du sitcom et
du spectacle musical, est plus convaincant dans le rôle
de Rodrigue que sa Chimène jeune promue du prestigieux
CNSAD.
Marie Parouty donne à la gouvernante l'allure d'une
grande dame tout droit sortie du siècle d'or espagnol
revu par Montherlant et Florent Guyot est épatant dans
le rôle du roi qui, sous l'allure digne d'un opéra
bouffe, mène son petit monde à la baguette strassée.
Pour rester dans le registre ibérique, ce Cid flamenco,
qui est totalement fou et désopilant, est comme une auberge
espagnole (sic). |