Petite
pièce apocalyptique écrite et interprétée
par Stéphanie Tesson dans une mise en scène de
Anne Bourgeois.
Fable philosophique, conte moral, métaphore du paradis
perdu, parabole humaniste et parcours initiatique, "Hélas",
sous titré "petite pièce apocalyptique",
retrace l'inéluctable perte de l'état de nature,
avec ses corollaires que son l'innocence, la pureté et
la béatitude, qui accompagne la mutation de l'homme originel
en homme civil.
Conçue comme un poème dramatique et un psaume
(profane) du Moyen Age auxquels elle emprunte la versification
octosyllabique, cette pièce à plusieurs personnages
pour une voix raconte l'épopée d'un jeune ingénu
au nom prédestiné, Hélas, qui séduit
la Mort dont le cœur pris dans les rets de l'amour humain
renonce à sa mission exterminatrice et périra
de voir l'objet de ses feux corrompu par le Mal dans ses déclinaisons
matérialistes que sont le sexe et l'argent.
Quelques intermèdes pop, le beau jeu de lumières,
l'intervention marionettique, voilà tout l'habillage
de ce spectacle épuré à l'extrême,
d'une grande exigence, à la structure polymorphique,
qui repose sur la seule force du verbe en cumulant les écueils
qui peuvent résulter de l'interprétation frontale,
à la table, sans scénographie ni déplacement
spatial, d'un monologue narratif de surcroît versifié.
Seul sans doute l'auteur de ce texte, Stéphanie Tesson,
pouvait le porter avec la collaboration et le regard de Anne
Bourgeois. Avec son physique de page androgyne, elle délivre
ce texte tant avec l'incandescence de son regard que le souffle
de sa voix métamorphique et entraîne le spectateur,
avec cet oratorio à l'homme dieu déchu, dans une
prodigieuse escapade hors du temps pour laisser entrevoir une
autre vision du monde. |