"F
comme Flic, P comme Privé" de Joseph
Farnel est un roman policier classique qui respecte les codes du genre : une enquête policière menée de front avec une enquête de détective privé par un tandem qui n’est pas sans rappeler celui immortalisé par Léo Malet avec des personnages archétypaux.
Le fameux privé, dont le nom est l'anagramme de celui de l'auteur, Georges Lernaf se présente comme un avatar contemporain du célèbre Nestor Burma, mais sans jolie secrétaire et sans chat, coeur d'artichaut grand amateur du beau sexe qui le lui rend bien.
Ex-policier reconverti en auto-entrepreneur, il tire le diable par la queue quand arrive l'affaire salvatrice grâce à son pote de son ancienne maison, le truculent Emile Dujardin, commandant de police du 3ème arrondissement de Paris, qui a un faible pour les délices de la chair, bibine et bouffe ex-aequo, et surtout pour les dictons, sentences et maximes customisés.
Il se retrouve engagé comme garde du corps très spécial de la fille, enfin la fausse fille vraie ex maîtresse et collaboratrice mâtinée d’agent secret, d’un baroudeur belle gueule spécialisé dans les trafics en tous genres, notamment les antiquités et œuvres d’art, mais suffisamment intelligent pour être soupçonné sans jamais être accusé, qui rémunère largement en distribuant les coupures vertes et mauves comme une banque de Monopoly.
Touché par la grâce et en bonne voie de rédemption, ce dernier entreprend de localiser et de racheter, pour la bonne cause, des toiles de maîtres volées aux juifs pendant la Seconde guerre mondiale, mission qui, tel un coup de pied dans un nid de guêpes, va exciter les convoitises et les services secrets de tous les pays laissant quelques morts sur le carreau.
D’où une collaboration tripartite avec comme point de ralliement un bistrot du 8ème arrondissement, qui existe bel et bien mais dont il vaut mieux, malgré la dithyrambe de l'auteur, oublier l'adresse (petite digression chronique bien-vivre : décor défraîchi et sans âme des années 70, set et serviettes en papier, service minimum syndical et cuisine grosse cavalerie de brasserie uniquement à la carte, à l'addition brutale 30 € minimum par personne sans la boisson).
L’écriture alerte ménage le suspense, même si l’intrigue est un peu cousue de fil blanc et le happy end manichéo-romantique, et le roman se lit agréablement d’une traite. |