Le Palazzo delle Esposizioni de Rome consacre une exposition monographique à Giorgio De Chirico, le fondateur de la peinture métaphysique qui a été parfois rattaché au courant post-expressionnisme du réalisme magique, intitulée "La natura secondo de Chirico".
Le critique d'art Achille Bonito Oliva, qui en assure le commissariat, a opéré une sélection de plus d'une centaine de toiles provenant des collections publiques et privées pour illustrer de manière multidisciplinaire et transversale le thème de la nature dans l'oeuvre de De Chirico.
Selon lui, le choix de cette thématique s'imposait dès lors que "L'idée de Nature demeure pour l'artiste une référence poétique constante, même lorsqu'elle est problématique, paradoxale ou même silencieuse".
L'exposition est présentée en sept sections sous-thématiques, de la nature du mythe qui revisite l'art antique à la nature vivante avec ses natures mortes qui ressortissent de la nature morte classique, au travers d'une rhétorique qui n'est pas intuitive pour le néophyte mais mettent en évidence les obsessions picturales d'un peintre atypique qui pratique plusieurs styles usant même du pompier et du kitsch.
La réalité invisible derrière une réalité visible.
De Chirico peint des rêves et des états mentaux qui sont souvent expliqués comme significatifs d'un état de mélancolie introspective qui perdure tout au long de sa vie et de son oeuvre.
Car en effet, du symbolisme aux réflexions néo-métaphysiques des dernières années, de Chirico, sur une période de soixante dix années, se manifeste la récurrence de certains sujets.
Ainsi la place italienne, sorte de scène originelle avec sa tour phallique tantôt temple antique, cheminée d'usine, tour de guet, se retrouve tant comme sujet principal que comme paysage vu de la fenêtre.
Peintre d'atelier, il peint le tableau dans le tableau dans la série des intérieurs métaphysiques qui représentent un atelier d'artiste avec son chevalet.
Beaucoup de toiles représentent des formes humaines désincarnées, personnages pseudo-cubistes sans visage dont le corps est calqué sur celui des mannequins de bois articulés utilisés par les peintres.
La nature est toujours présente mis de manière plus ou moins patente et si le rocher peut envahir une chambre vide les meubles se retrouvent comme élément du paysage.
Autre récurrence, la présence de l'eau notamment dans la série des toiles traitant des "bains mystérieux" avec l'eau qui coule dans un serpentin de cabine en cabine sur une étrange plage sans mer ou des hommes habillés contemplent des baigneurs, qui seraient révélatrices d'un homo-érotisme.
Des compositions qui montrent mais ne dévoilent rien de leur sens. |