Comédie de Molière,
mise en scène de Pénélope Lucbert, avec Régis Bocquet, Ariane Brousse, Marion lo Monaco, Denis Morin, Jean Philippe Morin, Edouard Michelon, Justine Paillot, Cédric Revillon, Walter Stawinoga et Damien Zanoly.
"Les précieuses ridicules", qui se présentent comme une comédie qui navigue habilement entre la farce et la satire de moeurs, épinglent la dérive de la préciosité originelle, Molière explicitant ainsi son propos : "les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes, qui méritent d'être bernés; que ces vicieuses imitations de ce qu'il y a de plus parfait ont été de tout temps la matière de la comédie".
Pénélope Lucbert, fondatrice de la Compagnie Savaneskise, qui ne manque pas d'humour, ni de souffle, ni du sens de la dérision, en propose une adaptation-contextualisation satirique couleur rock-disco qui, tout en respectant la lettre et l'esprit du texte, s'avère désopilante.
Sur une bande son live composée et interprétée par Oscar Clark, la petite troupe de comédiens tous issus de l'Ecole Claude Mathieu livre ainsi une caricature décapante de la posture adoptée par une fraction de la jeunesse contemporaine.
Bien évidemment, les filles qui se veulent libérées et rock'n'roll, alors que creuses comme des navets et revival addict, éblouies par les bobos-branchés comme un lapin par les phares d'une voiture la nuit, elles nourrissent des rêves de midinettes dignes de leur grand-mère.
Et voilà sous les yeux de la soubrette, que Marion Lo Monaco rend craquante, Cathos et Magdelon (Justine Paillot et Ariane Brousse qui se révèle une vraie nature comique dans la lignée des reines du boulevard que furent Marthe Mercadier ou Maria Pacôme) déguisées en louloutes harnachées perfecto et stiletto cheap qui auraient trop regardé en boucle "Grease".
Force est de reconnaître que les prétendants adoubés par un père de famille (Denis Morin) pressé de caser ces pécores, de falots bourgeois étriqués dans leur costume de notaire (Régis Bocquet et Cédric Révillon), n'augurent pas de "saturday night fever".
Il y en a autant au service des jeunes gens qui se la jouent version dandy désabusé et rocker de pacotille en ray ban et jeans au ras de la raie des fesses avec les deux personnages de Jodelet, balourd hébété sous neuroleptiques interprété par Edouard Michelon, et de Mascarille.
Dans ce rôle qu'il incarne comme un histrion survolté et narcissique, Damien Zanoly, qui n'est pas sans rappeler Denis Podalydès, se taille la part du lion en faisant de la fameuse scène de la joute de vanité un déferlement caricatural totalement apocalyptique et irrésistible.
Le divertissement est donc assuré. |