Réalisé
par Jean-François Gallotte et Joëlle Malberg. France. Documentaire. Durée : 1h18.
Il vient de sortir et malgré le temps, l’aventure sent encore le souffre. Le DVD brûle les doigts. Osera-t-on le regarder, en famille, seul, entre adultes ? Dans peut de temps il sera dans les bacs. Le 8 novembre 2011 exactement. Comment oser l’acheter ? Le cacher sous le manteau, l’intégrer en toute discrétion dans un coffret "Claude Sautet" ?
Le geste de l’acheteur sera imprécis, inscrit dans le doute de la faute, comme à l’époque où il rasait les murs pour se procurer une cassette vidéo pornographique. Il faut donc faire attention ! Avoir le gestuel désinvolte de celui qui sait. Ne pas se faire surprendre. Le temps offre des surprises et elle est de taille avec nos espoirs qui piétinent depuis si longtemps l’histoire.
Signal. Depuis longtemps déjà, à des années-lumière, "Carbone 14, la radio active" nous rappelle à notre bon ou mauvais souvenir, c’est selon.
Une aventure de courte durée que l’on aurait pu croire née sous l’espoir de la gauche arrivée au pouvoir, et "suicidée" par le mitterrandisme en 1983. Deux ans plus tôt, Carbone 14 hissait haut son étendard que l’on aurait voulu voir flotter plus longtemps. Mais le laminage des radios libres est passé par là. Un rabotage politique consciencieux.
Les politiques n’aiment pas ceux qui les provoquen sans qu’ils en soient autorisés. Les amuseurs n’ont pas la force des clowns et aujourd’hui que le rire est une priorité gouvernementale, le monde est sans humour. Les fous du Roi sont à la médiocrité, la puissance jouissive de Carbone 14 et de ses débordements irrévérencieux. D’ailleurs pourquoi ne pas l’être ? Par les temps qui courent Carbone 14 nous manque.
Le film en est le témoin. Tout comme le bonus vidéo et audio. Un monde en images qui n’existe plus. Il y a de par les cadrages libertaires, la respiration du montage, les mouvements d’humeur de la caméra, un film mémoire unique. Sorti en 1983 et présenté à Cannes et dont la presse de gauche l’assassinat. Film non conforme à l’idéal mitterrandien. C’est qu’il dérange le bougre ! Aujourd’hui encore.
Il faut prendre le film de Jean-François Gallotte (connu également sous le nom de guerre David Grossexe) comme une œuvre collée à l’aventure de la FM. Une liberté en captation qui ressemble à l’An 01 de Jacques Doillon. Il y a toujours dans ses films d’espoir, le début d’une fin. Ce qui ne veut pas dire que tout soit terminé. Clos, soldé de tous comptes.
Quand nous voyons ce qui se passe, comment les socialistes (Haut les cœurs !) se la jouent à l’américaine comme seule source de débat républicain, il y a de quoi leur montrer le cul.
Il est temps d’ouvrir la FM à la recherche des ondes fantômes de Carbone 14 et ouvrir à fond les vannes de la provocation.
Carbone 14 le film, doit, en ses temps difficiles, servir de mémoire
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