L'explosion démographique intervenue après la Seconde guerre mondiale s'est accompagnée d'une période particulièrement faste et productive pour les fabricants de jouets à laquelle le Musée de la Poupée s'est fort naturellement intéressé.
En 2010, il présentait, avec "Baby-boom - Poupées françaises 1946-1959", un premier volet consacré à l'iconographie de la poupée jusqu'en 1959, année considérée charnière par l'apparition de la poupée-mannequin adulte.
Le second volet
, "Baby-boom, la suite" propose d'explorer le monde de la poupée entre 1959 et 1979, à partir de la production des différents fabricants français et d'une typologie des poupées avec la présentation de 200 pièces provenant de la Collection Odin
1960-1979 : la poupée-enfant en résistance
Si une tendance forte, l'âge d'or de la poupée-enfant, boostée par l'utilisation de nouveaux matériaux, se dégage de la période précédente, celle des deux décennies suivantes tient à la bonne résistance de la poupée-enfant face à l'émergence des poupées à l'effigie des héros de bandes dessinées, de films d'animation et de séries télévisées et à la poupée-mannequin.
Les poupons classiques, à la fois objet transitionnel et objet éducatif, se maintiennent sans difficulté d'autant qu'ils bénéficient de l'apport de la mécanisation.
C'est également sur cette dernière puis sur l'électronique, qui accentue l'anthropomorphisme de la poupée, que vont miser les fabricants de poupées, dont en figure de proue les marques Gégé, Raynal et Bella, en vivant toutefois sur leurs acquis en ce qui concerne la morphologie enfantine relativement stéréotypée des poupées.
Seuls quelques fabricants innovent, avec cependant un succès commercial relatif. Ainsi Dany avec les poupées au corps de peluche et Laflex avec la série Pitchoun en caoutchouc avec des traits de visage très particuliers qui ne sont pas sans préfigurer ceux de la poupée Chuky héroïne de films d'horreur.
L'exposition permet également de découvrir des curiosités comme les poupées Lima des années 60 constituées d'une structure métallique recouvertes de papier et feutrine dont les traits du visage brodé à la main
Si la poupée "classique" se maintient, la poupée sait aussi s'adapter.
Une des novations en matière de jouets sur cette période consiste en l'essor des produits dérivés des bandes dessinées, des films d'animation et des programmes télévisés destinés aux enfants.
Les fabricants vont donc proposer aux enfants de retrouver leurs héros préférés sous forme de poupées.
Enfin, la poupée traditionnelle se maintient également par défaut face à l'échec du positionnement français dans le créneau de la poupée-mannequin adulte.
Les fabricants français n'ont pas pu, ou pas su, résister à la déferlante que va constituer l'arrivée en France en 1963 de Barbie créée en 1959.
Ni les copies-succédanés de Barbie déclinées en différentes taillés ni les propositions nationales atypiques telles les poupées inspirées des parisiennes de Kiraz et les bouilles de Tadie Muz, ne pourront rivaliser avec l'iconique poupée-mannequin américaine. |