Le Musée de Montmartre propose avec "Impressions à Montmartre" une exposition thématique dédiée aux oeuvres gravées produites à Montmartre avec le renouveau de la technique de l'eau forte en couleurs au début du 20ème siècle qui a connu l'âge d'or de l'affiche et de l'estampe.
L'exposition a été conçue sous le commissariat de Phillip Dennis Cate, conseiller scientifique du Musée de Montmartre et spécialiste de l’art français du 19ème siècle qui avait déjà assuré celui de la très réussie précédente exposition "Autour du Chat Noir - Arts et Plaisirs à Montmartre 1880-1910".
Elle rassemble une sélection d'oeuvres de la Bibliothèque nationale et de collections privées qui émanent des deux figures majeures, mais méconnues, de cet renouveau que sont l'imprimeur Eugène Delâtre et le peintre Alfredo Müller.
Eugène Delâtre, maître-imprimeur et peintre-graveur
Issu d'une famille d'imprimeur installé rue Lepic à Montmartre, Eugène Delâtre sera l'imprimeur attitré des impressionnistes.
Disposant d'une très grande maîtrise technique, passionné par les recherches expérimentales permettant de donner des effets de transparence au fond, il parvient à donner aux impressions l'illusion du rendu de l'aquarelle.
Il pratique également la gravure à titre personnel pour immortaliser les rues populaires du vieux Montmartre, village avec ses moulins et ses terrains vagues qui sont en voie de disparition ("Le percement de l'avenue Junot").
Il saisit également sur le vif les acteurs de la vie montmartroise qu'il s'agisse des passants ("La rue du Mont Cenis") ou du peuple au travail ("Les laveuses").
Bien évidemment, les nombreux lieux de spectacles et de divertissement installés sur la Butte, et passés depuis à la postérité, tels le Divan Japonais, le Moulin Rouge ou le Casino de Paris, sont représentés. Autres sujets de prédilection pour les scènes de genre, thèmes picturaux récurrents de l'époque, les flâneurs sur les boulevards et les spectateurs dans les salles de théâtre.
Portraiste sensible, il laisse de de beaux portraits de femmes jouant suir les couleurs pastel ("Femme à l'ombrelle", "Tête de parisienne", "La Montmartroise") ou sur les contrastes en contre-jour ("Femme aux gants") et d'enfants.
A ne pas rater, en contrepoint thématique, "La Mort vêtue de fourrures", saisissante représentation de la mort dans un paysage de neige.
Alfredo Müller,
peintre toscan et graveur montmartrois
Emigré à Paris Alfredo Müller devient montmartrois d'adoption et se forme à la gravure à l’eau-forte avec Eugène Delâtre qui lui ouvre un nouveau champ d'expression artistique qu'il pratiquera avec assiduité en développant une technique personnelle basée sur celle de l'aquatinte.
Il travaillera aussi avec l'affichiste Steinlein qui occupe la maison voisine et dont la fille et le fameux chat noir constitueront les modèles de scènes de la vie quotidienne ("Petites filles", "La petite fille au chat")
L'exposition met l'accent sur la diversité stylistique de ses oeuvres.
Avec, d'une part, une série de portrait de femmes, dont des comédiennes célèbres (Sarah Bernardt, Cléo de Mérode, Suzanne Desprès et Marthe Mellot), qui répondent aux canons de la beauté 1900, qui se caractérisent par la douceur du rendu et l'élégance mélancolique de l'attitude ou du visage.
D"autre part, la puissante expressionniste de son trait avec des eaux-fortes de la série "La vie heureuse de Dante Alighieri" réalisées pour le marchand d'art Ambroise Vollard
A ne pas rater un très émouvant portrait en lithographie sépia du poète Verlaine ("Verlaine au Café Procope") et, dans l'escalier qui mène aux salles qui lui sont consacrées, deux grandes lithographies décoratives tirées tête-bêche ("Les paons" et "Les cygnes") faisant partie d'une série destinée à servir de frise murale. |