Le
Centre Pompidou présente la plus grande manifestation consacrée
aux recherches multiples et contrastées du 20ème siècle
sur la convergence entre la musique et les arts plastiques, l’essor
des technologies permettant une approche concrète du son
alors que la peinture tendait vers l’abstraction.
L’exposition, organisée de manière didactique
en trois parties thématiques, entraîne le visiteur
dans un parcours chronologique et quasiment ludique à la
découverte des moments les plus significatifs de l’interaction
entre l’œil et l’oreille.
La première partie "Correspondances" retrace les
tentatives de transcription picturale de la musique, qui semblent
intéresser spécifiquement des artistes originaires
d'Allemagne ou d'Europe centrale, qu'il s'agisse de musique classique
("Nocturne" de Kupka ou le dépliant de Bilinski
pour la Symphonie fantastique de Berlioz), de ballet (Ginanni Corradini),
d'opéra (Schonberg pour "La main heureuse") ou
de musique contemporaine ("Chanson nègre" de Picabia
et "Swinging landscape" de Davis) voire même de
dessin animé (Fantasia).
Mais, ces œuvres comme le spectrophone de Pesanek ou le piano
optophonique de Baranoff restent muets.
D'où les études, liées directement à
la physique et à l'art vidéo, menées pour matérialiser
les ondes et les vibrations qui sont abordées dans la deuxième
partie "Empreintes".
Et là le visiteur est entraîné dans un véritable
dédale d'expériences sensorielles, des rouleaux représentant
les sons synthétiques à la Dreammachine de Gysin à
la Dream House de La Monte Young et Marian Zazeela, de la photographie
de sondes de Laposky aux expériences sur téléviseur
de Nam June Palk.
Avec le troisième volet "Ruptures", l'exposition
nous entraîne dans l'avant gardisme avec le Futurisme italien
et le mouvement Fluxus, rejetant les pratiques artistiques traditionnelles,
qui explorent et destructurent non seulement le son mais aussi l'art.
De la "Boîte verte " de Marcel Duchamp aux "Neuf
pièces" de Yoko Ono écrites pour John Cage, de
"Silence " de Joseph Bueys composé de 5 bobines
de pellicules zinguées du film "Le silence" d'Ingmar
bergman au couloir acoustique de Nauman.
Une exposition rare, dense, ambitieuse, intelligente et sensible,
à la portée de tous qui donne un éclairage
très réussi sur l'art contemporain.
A ne pas rater !
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