En 2010, après le séisme qui a secoué Haïti, un homme attend chez sa belle-mère le retour de son ex-femme et de sa fille qui tardent à rentrer et dont il est sans nouvelle.
Ainsi commence "L'escalier de mes désillusions" de l'écrivain, journaliste et scénariste haïtien Gary Victor qui évoque, par ces prémisses, le texte autobiographique du dramaturge et romancier américain Israël Horowitz, "Trois semaines après le paradis", écrit en réaction à chaud à l’attentat du 11 septembre 2001.
Mais alors que ce dernier
constitue une introspection positive, dynamique et réflexive sur sa mission et son rôle de père, d'homme et de citoyen, le ressassement du personnage de Gary Victor, qui se trouve également être un écrivain, est narcissique et autocentrée sur son malaise existentiel.
A sa décharge il faut préciser qu'il est dépressif, torturé, névrosé à tendance morbide et l'inquiétude l'amène à se remémorer des événements passés qui sont autant de chapitres violents et de récits douloureux. Gary Victor opte donc pour la transcription d'un flux de pensée émaillé de digressions socio-politiques sur la situation passée et présente en Haïti, saupoudré de pratique vaudou et entrecoupé d'insertions de récits qui constituent des pages de l'histoire personnelle du narrateur.
Cela étant, d'une part, ce procédé littéraire trop souvent usité qui permet d'ébaucher une biographie à partir de bribes mnésiques en s'affranchissant des contraintes de la linéarité de la temporalité et de la cohérence chronologique revêt un caractère fastidieux et, de surcroît en l'espèce, ne s'avère pas vraiment convaincant tant il évoque le recyclage de textes existants figurant dans le "cimetière" littéraire de chaque romancier.
D'autre part, Gary Victor écrit en beau français dans une langue très travaillée dont le style littéraire s'accommode mal, là encore au plan de la cohérence, avec celui de la parole intérieure entendue comme un flux énergétique et compulsif.
Pour amateur de ratiocinations. |