Comédie dramatique de David Gieselman, mise en scène de Alix Fournier Pittaluga, avec Thibaut David, Thomas Gauthier, Anne Marchionini, Benoit Michaud et Sophie Ricci (en alternance Noémie Bianco).
Avec "Mr Kolpert", David Gieselmann, revisite "La corde", le plus théâtral des films d'Alfred Hitchcock, adapté par Ben Hecht d'une pièce de Patrick Hamilton.
ux deux surdoués nietzschéens du film qui commettent un crime gratuit, l'auteur allemand substitue un couple de petits bourgeois ordinaires.
Face à eux, pour "homologuer" leur forfait, un autre couple de petits bourgeois allemands va, lors d'une soirée mémorable, être le témoin, puis le complice, de cette farce macabre.
Pièce jouée dans le monde entier, et déjà plusieurs fois adaptée en France, "Mr Kolpert" cerne toute la violence tapie dans l'ennui contemporain et montre comment elle peut surgir sous une forme inattendue.
Mécanique de précision cachée sous une structure apparemment lâche, suite de tensions et d'emportements entre les personnages, "Mr Kolpert", satire cruelle de l'étape actuelle de l'ère post-industrielle, se dénoue peu à peu dans une hystérie mêlée de grand guignol, synthèse qui pourrait rappeler "La Tour de la Défense" de Copi revu et corrigé par le cinéma de Tarantino.
Dans sa mise en scène convaincante, Alix Fournier Pittaluga a raison de ne pas se laisser aller jusqu'à un crescendo gore qui s'achèverait dans un incontrôlable déferlement sanguinaire de ketchup.
Pour ses quasi premiers pas, elle ne cherche pas à épater la galerie par un excès d'effets. Sa compréhension de la pièce et sa manière de s'arrêter juste à temps est prometteuse. Ses acteurs, tous excellents et enthousiastes, savent aussi se contrôler : s'ils grondent de temps à autre, ils évitent les hurlements et les cris constants.
Au faux flegme rigolard de Ralf, l'hôte théoricien du chaos, s'opposent les saines colères de Bastian, l'invité architecte d'un musée de l'horlogerie, le seul qui cherche à enrayer la montée de la folie collective.
Dès lors, on suit sans déplaisir, et sans haut le cœur moralisant, ce jeu de rôles qui n'aurait pas déplu au Roman Polanski de "Répulsion" ou au François Ozon de "Sitcom".
Une pièce peut-être mineure mais, au bout du compte, une belle surprise théâtrale. |