L'exposition "Chefs d'oeuvre de Budapest" présentée au Musée du Luxembourg s'inscrit dans le registre muséal de la monstration des oeuvres de musées étrangers en cours de rénovation ainsi que le fut récemment
les "Icônes américaines" du San Francisco Museum of Modern Art et de la collection Fisher au Grand Palais.
Organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, le Musée des Beaux- Arts de Budapest et la Galerie nationale hongroise, elle regroupe une sélection de près de 90 peintures, dessins et sculptures de la fin du Moyen Age au début du 20ème siècle.
Les commissaires, Laurent Salomé, conservateur en chef du patrimoine et directeur scientifique de la RMN-Grand Palais, et Cécile Maisonneuve, docteur en histoire de l’art et conseiller scientifique à la RMN-Grand Palais, ont élaboré un parcours hybride en greffant des inserts thématiques sur une trame chronologique qui, bien que classique, s'avère plus subtile que ne le laisse accroire une déambulation rapide.
Pour segmenter efficacement l'espace relativement modeste du lieu pour les huit salles prévues, le scénographe Jean-Julien Simonot a opté pour un chromatisme fort qui donne l'impression d'une visite de collection privée ce qui, au demeurant, correspond à l'origine des collections dans un pays longtemps dirigé par des souverains étrangers qui ne possède pas de musée fondé grâce à des collections royales.
A la rencontre des chefs d'oeuvre de la perle du Danube
L'exposition concilie trois objectifs : le didactisme avec la présentation des artistes hongrois qui sont méconnus du grand public, la mise en résonance de l'art national avec les oeuvres de l'Europe de l'Ouest et la présentation d'oeuvres atypiques faisant office de curiosités.
Ainsi, les commissaires ont opté pour un panachage entre les salles dédiées aux productions nationales, telle la première dédiée aux oeuvres emblématiques de l'art hongrois de la fin du Moyen Age, et celles qui permettent d'apprécier la transversalité des mouvements artistiques.
Par ailleurs, des salles se caractérisent par la monstration des oeuvres des collections hongroises afférentes aux grandes influences Nord-Sud, la Renaissance germanique avec ses trois mousquetaires, Cranach, Durer et Altdorfer, et la peinture Cinquecento avec des "petits maîtres" remarquables comme Jacopo Bassano ("Montée du Christ au calvaire") et Bernardino Luini ("Vierge à l'enfant") qui furent les élèves de Léonard de Vinci.. et l'incontournable salle "hollandaise".
Le visiteur appréciera également une belle séquence baroque composée de Artemisia Gentileschi ('Yael et Sisera"), Johann Liss ("Judith dans la tente d'Holopherne") et Karel Dujardin ("Tobie et l'Ange") amenant à la grande machinerie baroque représentée par la sculpture de Sopron ("Ange au crâne et au serpent") et Tiepolo ("Apparition de Saint Jacques à la bataille de Clavijo").
Une "incontournable salle hollandaise" se clôt sur une scène paillarde, "La joyeuse compagnie" de Jan Steen qui introduit logiquement une halte thématique consacrée à la figure humaine que ce soit sous forme de portrait ou de scène de genre.
La célèbre "Dame à l'éventail" de Edouard Manet annonce la peinture moderne avec la fine fleur française de Monet à Gauguin dialoguant avec les impressionnistes hongrois, dont Karoly Ferenczy avec sa "Femme peintre" accrochée en regard de l'étonnante "Alouette" de Pal Szinyei, qualifiée par les commissaires de "bijou" éclipsant "La Femme à la cage" du nabi Jozsef Rippl-Ronai, la toile "mascotte" retenue pour l'affiche.
Avec notamment la "Marie Madeleine pénitente" de Goya et "L'Annonciation" du Greco, de factures atypiques presque cubistes, et la "Jeune fille endormie" d'un anonyme italien du 17ème siècle, "L'alouette" constitue une des "toiles-curiosités" sur lesquelles prendre le temps de poser le regard, et qui, en l'espèce, invite à la rêverie et ouvre sur le symbolisme avec "
L'âge d'or" de Janos Vaszary.
A apprécier donc comme une visite exploratoire dans l'art hongrois à travers l'une des plusm importantes collections d'Europe centrale. |