En partenariat avec le Munchmuseet d’Oslo, le Musée Marmottan-Monet propose avec "Hodler - Monet -, Munch' sous-titrée "Peindre l'impossible" une exposition alléchante sur le papier en tant qu'elle propose une mise en résonance de l'oeuvre de trois peintres contemporains mais de générations et d'obédience stylistique différentes autour de la peinture de paysage traitée de manière sérielle.
Et ce d'autant que le commissariat est assuré par Philippe Dagen, historien d'art, enseignant universitaire et critique au journal Le Monde.
In facto, elle déçoit car elle dépourvue du propos analytique attendu et propre à éclairer le visiteur sur la pertinence de l'association présentée.
En effet, elle se limite à un simple appariement en sections thématiques (montagnes, soleils et lunes, neiges...) accompagnées d'une présentation sommaire telle celle consacrée au motif de l'eau avec "Les vagues" de Munch et "La barque" de Monet encadrant "La Femme courageuse" de Hodler.
Le visiteur néophyte comme l'amateur éclairé auraient sans doute apprécié une présentation, certes classique mais qui a le mérite de la synthèse, axée sur les trois pôles de recherche picturale, la lumière, la couleur (en l'espèce reléguée en fin d'exposition) et le mouvement ou selon une dynamique comparative didactique permettant d'apprécier les points communs et les divergences exploratoires.
Et surtout le coeur du sujet, à savoir si les techniques picturales du français Claude Monet, le patriarche de l'impressionnisme, du norvégien Ferdinand Hodler, figure majeure du symbolisme dans une déclinaison personnelle nimbée de romantisme, et du
norvégien Edvard Munch, pionnier de l'expressionnisme, s'inscrivent dans une démarche proche voire identique au regard de la représentation du monde, et plus précisément du réel, par la peinture de paysage.
Cela étant, la monstration permet de voir une belle sélection de toiles de Munch et de Hodler.
Car Monet, bien qu'en son musée,
ne se taille pas la part du lion nonobstant des oeuvres emblématiques telles"Le Coucher de soleil à Etretat, "La barque", "La débâcle à Vétheuil", "Le train dans la neige" et l'incontournable "Impression,soleil levant" qui fut, en 2015, au centre d'une superbe exposition-enquête éponyme ,
A condition de prendre son temps et d'avoir révisé son histoire de l'art, le visiteur pourra prendre la mesure, au regard de la quête de Monet pour décrypter réalité optique du réel par la décomposition de la couleur et des formes et procéder à la transposition picturale du mouvement, de la dimension philosophique du paysage hodlérien.
Ainsi, avec, par exemple, sa série sur le lac Léman, où le paysage recomposé par voie de stylisation formelle de manière presque décorative, par ses effets atmosphériques, son absence de perspective et sa palette glaciaire, incite à l'immobilisme contemplatif de communion avec la nature et de fusion avec le monde.
Chez Munch, peintre ésotérique marqué par le traité des couleurs de Johann Wolfgang von Goethe et la symbolique des couleurs héritée de la tradition théosophique, tout n'est que perspectives fuyantes, couleurs fauves et tensions dramatiques ("Neige fraîche sur l'avenue", "Paysage de neige Thuringe", "Nuit étoilée").
Le paysage se veut la représentation totalement subjective d'un état intérieur souvent miné par l'angoisse existentielle d'une impossible réunion-fusion animiste. Son exploration des fondements du réel passe par le travail de la "ligne ondulante" qui matérialise les ondes de l'éther et les énergies psychiques et celui de la couleur pour, explique-t-il, "capter les couleurs invisibles" allant jusqu'à l'orphisme ("Le Soleil").
Et, une belle occasion de voir et revoir encore la collection Claude Monet exposée dans les salles dédies au sous-sol du musée. |