Nicolas Delesalle
(Préludes Editions) janvier 2018
Après avoir été touché par son premier roman sur l’enfance, Un parfum d’herbe coupée, puis passionné par Le goût du large, dans lequel l’auteur nous narrait ses nombreux souvenirs de reportage au gré d’un voyage sur un cargo, c’est avec un immense plaisir que je me retrouve avec entre mes mains, le nouveau roman de Nicolas Delesalle, Mille soleils.
Mille soleils, c’est l’histoire de quatre garçons, réunit en Argentine pour leur travail et leurs passions communes. Vadim est le taiseux de la bande, c’est dans sa nature. Une vingtaine de mots par jour, c’est sa moyenne. Quelquefois plus, quand il doit répondre à des questions pratiques de sa femme. Sa passion, c’est la physique des particules. Wolfgang, le plus vieux des quatre, est d’un naturel distrait. C’est un astrophysicien rêveur. Alexandre est le beau gosse de bande, il vient d’installer des panneaux photovoltaïques sur un observatoire astronomique de la pampa argentine. Simon, le plus jeune, hypocondriaque, qui souffre d’un complexe d’infériorité. Il doit rédiger un article de vulgarisation sur l’observatoire astronomique argentin.
Ils ont quelques heures pour parcourir 200 kilomètres de piste et prendre un avion à Mendoza. En un quart de seconde, un évènement dramatique va bouleverser leur existence à jamais. L’urgence et l’horreur apparaissent alors au milieu de cette Pampa argentine. Au contact de la mort et des corps blessés, le récit s’engage alors dans un recueil de souvenirs, d’histoire de vies, de rencontres, d’amour et de sexe.
L’auteur nous narre les évènements avec une précision diabolique, avec des chapitres minutés pour une histoire débutant tôt le matin, à 7h35, pour se finir en fin de soirée, à précisément 22h10. Il nous décrit les nombreux sentiments qui traversent les personnages après le drame, dans lesquels se mélangent la désillusion pour certains, la culpabilité pour d’autres et l’impuissance surtout, coincé dans cette région isolée. Les souvenirs envahissent alors les protagonistes, ceux de l’amour perdu pour Alexandre, amoureux de Léna qui l’a quitté avant son départ. Il se remémore leur rencontre, les textos envoyés, sa peau très blanche, ses yeux verts, ses seins et ses fesses. Les regrets sont aussi très présents dans le livre, les actes inachevés aussi. Et puis évidemment, il y a les remords qui envahissent celui qui provoque le drame.
Et puis il y a Mathilda, aussi, qui traverse tout le livre et la pampa argentine en vélo en même temps, croisant les quatre garçons au début du roman quand ceux-ci la doublent sur la piste sans se préoccuper d’elle. C’est une sud-africaine qui voyage à travers le monde depuis six mois. Elle a quitté brutalement sa vie, son pays, son emploi de chirurgien-dentiste, son mari et ses trois enfants. Elle n’a plus de contact avec eux depuis son départ. Son histoire c’est une recherche sur elle, un nouveau départ, une ode à la vie. Elle croise l’histoire de ces quatre garçons qui côtoient la mort et le drame comme pour leur montrer que l’important est de chérir la vie, de réaliser ce que l’on veut faire et d’en profiter, avant qu’il ne soit trop tard.
Une fois encore, Nicolas Delesalle nous offre un petit bijou de livre. On suit les quatre garçons, et Mathilda, avec une cadence infernale, rendue possible par l’écriture limpide de l’auteur. Il nous permet aussi d’avoir une réflexion personnelle sur le sens de la vie, nous montrant les différentes façons de réagir quand un drame survient. Il nous montre enfin que c’est toujours l’espoir et la vie qui l’emportent à la fin.
Dans Mille soleils, les maux des personnages sont justes, les mots de l’auteur aussi. Mille soleils nous envoûte, page après page et nous touche profondément. C’est bien là l’essentiel.
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