Le cas très inquiétant de ton cri
(BISOU Records) décembre 2020
Melmac n’est pas tombé de la dernière pluie. Ce groupe parisien versé dans l’art du post-rock, du jazz et de l’improvisation a déjà pas mal de route derrière lui et quelques beaux albums mais aussi un label, Ronda, qui a sorti quelque autres perles en plus de leur propres disques (Sun Plexus, [1] Kilo of Black Bondage…).
Aujourd’hui, le groupe s’offre une voix. Auparavant plutôt versés dans les morceaux instrumentaux, les Melmac se décident, un soir d’automne (non ça c’est moi, pour ajouter un peu de profondeur à la narration), à ajouter une voix à leur musique qui, déjà, nous faisait beaucoup voyager dans l’imaginaire. Et c’est d’ailleurs là le risque d’y poser des textes : réussir à guider l’imaginaire de l’auditeur sans pour autant le brider.
Ils contactent donc A.C. Hello, poétesse, et même poétesse sonore, car ses textes sont autant à lire qu’à entendre et elle a d’ailleurs sorti un premier album Animal Fièvre regroupant quelques unes de ses oeuvres. Bref, l’histoire dit qu’après quelques heures de répétitions improvisées, le courant passe et l’idée de l’album naît. Melmac devient donc quintet et se compose pour l’occasion de Luc et Nicolas Reverter, Jean-Yves Davillers à la batterie et Quentin Rollet au saxo.
Quelques mois plus tard, ce sont dans des conditions difficiles, au Landy Sauvage à Saint-Denis, un lieu culturel menacé d’expulsion (encore un malheureusement) que le groupe enregistre ce nouvel album-livre : Le Cas Très Inquiétant de Ton Cri. Deux jours d’improvisation, un peu de travail de post-production et un album dense et intense à la eclé sorti en décembre 2020 sur le label BISOU, label de Isabelle Magnon et Quentin Rollet, ce dernier officiant donc également au saxophone.
C’est assez noir, ce n’est pas la comptine à sortir le soir de Noël pour apaiser les enfants mais c’est puissant et beau, désespéré et brillant. La musique puissante se mariant parfaitement aux mots de AC Hello à la manière parfois d’une Anne Clark à la française.
Et comme le texte est tout aussi important que la musique, ce n’est pas un disque mais un livre-disque que vous aurez entre les mains, un livre contenant tous les textes mais aussi de superbes illustrations. Un bel objet donc et une belle prise de risque pour ce petit label artisan comme on les aime.
Hautement recommandable (tout comme l’entière discographie de ce groupe beaucoup trop discret que vous pouvez trouver bien sûr chez Ronda) pour conclure, je voudrais utiliser les mots de Nicolas de Melmac : "Bonne lecture, bonne écoute, bon voyage".
Entre 2 tours de scrutin, il reste du temps pour découvrir notre sélection culturelle hebdomadaire. Cette semaine, c'est aussi le retour des sessions Froggy et ça fait plaisir !
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